Après l'éclatement au grand jour de la crise sociale autour de la mine d'Imiter dans la région de Tanrir, et à l'initiative -salutaire- du Forum des alternatives du Maroc (FMAS), Managem a organisé, vendredi dernier à Zagora, une rencontre de «réconciliation» avec la société civile, les mouvements associatifs et les représentants des populations locales. Pour Managem, il était essentiel d'endiguer la propagation des revendications sociales autour et au sein des villes minières. Des mouvements revendicatifs partis en effet d'Imiter, pour arriver à Zagora, chef-lieu industriel de la région du Sud-Est, en passant par Youssoufia, Assafi et Khouribga. Pour les associations civiles, une scène publique était offerte pour faire valoir les droits des populations des villes et régions minières qu'elles représentent. Rompre avec la violence sociale de part et d'autre, et engager un débat constructif et participatif, étaient finalement les principales finalités attendues de cette rencontre. Coordonner les actions Une rencontre réussie parce que toutes les parties prenantes du conflit social étaient présentes et enclines à engager un débat sérieux, et qu'un semblant de retour au calme était des plus palpables, du moins envisageable, au vu des déclarations d'intentions pour le moins optimistes des différents participants. Entre les acteurs locaux, institutionnels, coutumiers, associatifs, privés et publics, les populations locales de la région de Zagora ne savent plus à quel saint se vouer. Ce qui rend difficile la définition claire et responsable d'une gestion locale des ressources minières de la région. Fort de ce constat, le FMAS a arboré la casquette de la médiation sociale, dans la perspective, «dans un premier temps, d'engager le débat et d'ouvrir un espace de dialogue». Un espace qui réunit, selon Houria Es-Slami, présidente du forum, «les ONG locales, les élus locaux, les départements ministériels et Managem». S'agissant de cette dernière, Es-Slami explique que, «par le passé, plusieurs actions ont été menées ici et là [...], mais elles ne se sont pas faites dans le cadre d'une vision globale de développement de la région, ni dans celle d'une stratégie de partenariat basée sur des critères clairs et bien définis», concluant «sur la ferme volonté affichée par l'entreprise» et les autres ayants-droit pour que chacun, explique-t-elle, optimiste, revoit «son rôle, sa manière de voir l'avenir, mais aussi son rapport à l'autre». Au-delà des chiffres avancés par Managem (3.000 emplois créés dans la région, 300 MDH de salaires distribués, 400 MDH d'investissement dans le traitement des déchets) et des perspectives pour l'avenir (création de 2.000 emplois, 4 MMDH d'investissement prévus, des conventions avec les associations, etc.), les populations locales sont prêtes à engager le débat, mais semblent être décidées à se battre jusqu'au bout pour des modes d'exploitation équitables et efficaces certes, mais surtout «durables», «responsables» et «inclusifs». Un premier pas a été franchi vendredi dernier. D'autres rounds de négociation devraient avoir lieu dans les semaines à venir pour qu'un plan d'actions global soit mis en place, suivi et concrétisé.