Managem monte au créneau. Elle vient d'entamer un processus d'ouverture sur la société civile, dans l'une des régions où elle opère : le sud-est du Maroc. Gardera-t-elle le cap ? Arrivera-t-elle à marier productivité, performance et engagement social et environnemental ? Les acteurs associatifs des zones minières lui tendent la main. L'objectif étant le développement local. Le groupe minier Managem se dit engagé de manière solennelle dans toutes les démarches de développement des zones minières du Sud-est du pays. C'est du moins ce qui ressort de sa forte présence dans la rencontre organisée ce weekend à Zagora, à l'initiative du réseau d'association RAZDED et du Forum Alternatives du Maroc (FMAS), sous le thème : «Quelle stratégie pour un développement durable dans les régions minières du Sud-est». En tout cas, la volonté y est et le discours confirme. Restent les prochaines étapes pour s'en assurer. Une soixantaine de cadres de haut niveau se sont ainsi déplacés à Zagora pour prendre part à ces deux journées de réflexion tenues sous le thème « Quelle stratégie pour le développement des zones minières dans la région du Sud-est ? ». L'exercice est certainement étrange et étranger pour une grande partie de ces cadres. La méthode de travail, la terminologie et même l'esprit étaient un peu différents de la sphère de travail de ces ingénieurs, habitués plutôt à la performance, la productivité et la rentabilité. Là, ils devaient suivre et s'adapter à l'approche participative et intégrative, mais surtout aux idées différentielles des autres intervenants dans les zones minières. S'asseoir côte-à-côte et dans une nouvelle situation de communication des populations riveraines revendicatives et accusatrices, des associations locales engagées dans des programmes sociaux et éducatifs, des élus, des autorités locales, s'avérait déjà comme un changement d'habitude. Normal. Les autres acteurs reprochaient au très important groupe minier du Maroc d'être « polluant, antisocial et surtout anti dialogue ». Managem, représenté à haut niveau n'a pas laissé passer cette occasion sans réfuter ou du moins nuancer le tableau. Son premier patron, Abdelaziz Abarou a été, on ne peut plus, clair. « Nous investissons de grandes sommes, mais peut-être que nous ne communiquons pas assez pour mettre la lumière sur ce que nous faisons ». Ce qui a été saillant pour les observateurs avisés, c'est surtout le manque de médiateurs crédibles à même de résoudre les problèmes bilatéraux ou du moins rapprocher les points de vue des différentes parties. Là, les autorités locales se sont avérées défaillantes. Le rôle a du coup été repris par la société civile. Mais, encore faut-il un peu de temps pour pouvoir baliser le terrain et ouvrir l'avenir sur des horizons prometteurs. Les coulisses ont été de ce fait riches de débats et de dialogues informels. L'iceberg psychologique se dégelait au fur et à mesure. Un premier pas vers la création d'un climat de confiance mutuelle. L'on a pu ainsi voir le directeur de la mine d'Imiter discuter avec l'un des leaders de la protestation au mont Alebban, Smail Akalay, général manager, entrain de s'expliquer avec les jeunes associatifs de Bouâazar… Houria Es-Slami et Kamal Lahbib, respectivement présidente et vice-président du FMAS ont écouté pendant près de trois heures les jeunes d'Imiter. Certes, les problèmes sont épineux, à plusieurs niveaux, mais rien n'exclut les possibilités de réaliser des percées positives. Prévisible. Le débat a été houleux. Mais dans le grand respect des uns aux autres. « Nous nous attendons à un tel scénario, et c'était là notre objectif également, c'est-à-dire, réunir tous les acteurs dans un même espace d'échange et de dialogue, dans la perspective d'aboutir à des scénarii autres que les conflits prévalant actuellement », fait préciser Houria Es-Slami, présidente du FMAS, avant d'ajouter que le développement durable de ces zones reste le souci majeur des différents acteurs. Les participants qui se sont répartis sur trois ateliers : Communication et partenariats, Droits sociaux et économiques et Droits culturels, ont bien pris le temps pour diagnostiquer la situation. Mais, ils ont aussi pensé aux plans d'action futurs. Gérer la mémoire des mines, coopérer de concert à leur développement et communiquer efficacement avec son environnement s'avèrent être les recommandations majeures de cette rencontre dans l'ave les organisateurs veulent initiatrice d'une nouvelle ère dans la relation entre les différentes parties. Toutes les volontés seront ainsi mises à l'épreuve dans un avenir proche.