S'il y a une formation politique qui devrait faire profil bas en ces temps de tensions politiques entre le Maroc et l'Espagne, c'est bien le Parti de l'Istiqlal du Premier ministre Abbas El Fassi. Et pour cause, la fronde menée d'une manière assez cavalière au sein de l'opinion publique espagnole contre les intérêts du Maroc est portée par un de ses alliés, au sein de l'Internationale démocratique du centre (IDC). C'est, en effet, le Parti populaire espagnol (PP) qui, plus que toute autre formation politique de la péninsule ibérique, s'est positionné comme le chef de file de cette campagne qui ne dit pas son nom et qui est orchestrée tous azimuts au-delà même du territoire espagnol. Une prise de position qui met, à n'en point douter, son allié marocain dans une position somme toute inconfortable. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le Parti populaire adopte une telle position même si, cette fois, tout indique que le parti est décidé à franchir le Rubicon du «politiquement correct». Des raisons assez valables pour l'Istiqlal de revoir ses «fréquentations». Le double jeu du PP L'Istiqlal avait accueilli, en début d'octobre dernier à Marrakech, la réunion des leaders de l'IDC, un réseau international de partis du centre droit auquel l'Istiqlal a adhéré en 2004. Un flirt qui n'a pas manqué de soulever quelques inquiétudes au Maroc surtout que la rencontre de Marrakech s'était tenue au lendemain des événements de Sebta et Melilia et notamment la visite de hauts responsables du Parti populaire dans l'enclave occupée. Interrogé sur cette question, le chargé des relations extérieures du PP, Alberto Ruiz Therry, qui assistait à une réunion préparatoire du sommet de Marrakech en compagnie de Nizar Baraka, son homologue de l'Istiqlal, a déclaré que «c'est normal entre voisins qu'il y ait parfois des différends, surtout au plan politique», avant d'ajouter que «cela n'entache en rien les relations entre les deux pays». Une attitude qui tranche avec celle d'aujourd'hui et surtout qui met à nu l'impact limité du lobbying istiqlalien. Nizar Baraka a, en effet, expliqué en son temps ce rapprochement par les soucis d'une diplomatie partisane qui permettra au PI de «faire évoluer certaines positions dans le cadre de l'amitié et de la franchise». Visiblement, l'Istiqlal s'est trompé d'interlocuteur. À ce niveau, il est d'ailleurs assez intéressant de s'interroger sur cette hostilité du Parti populaire à l'endroit du Maroc. Une attitude d'autant plus dangereuse avec le double jeu que se livre cette formation politique. Au Maroc, Alberto Ruiz Therry avait clairement affirmé que le PP souhaitait un règlement pacifique et équitable du conflit sous l'égide de l'ONU. «La politique internationale, a t-il affirmé, c'est de l'intérêt et nous n'avons aucun intérêt particulier dans ce conflit qui est une situation assez complexe à notre niveau, donc nous adoptons une position de neutralité active». Un double jeu donc qui devrait pousser l'Istiqlal à revoir sa copie. La sortie du secrétaire général du PI, Abbas El Fassi, la semaine dernière, peut être interprétée comme un premier signe de divorce même si ce n'est pas la première fois que les interpellations du leader marocain restent lettre morte de l'autre côté.