L'habitat insalubre qui englobe les bidonvilles, l'habitat menaçant ruine ainsi que l'habitat non réglementaire ont toujours été l'une des priorités de l'Etat. Plusieurs discours royaux ont tracé les lignes directrices de ce chantier. On notera parmi les projets qui ont découlé de ces discours, le programme «Villes sans bidonville» (lancé en 2004 pour s'étaler jusqu'à 2012), ainsi que le programme pour pallier les habitats menaçant ruine. Le premier programme a permis, fin juin de l'année en cours, de déclarer 30 villes sans bidonvilles sur 85 et d'améliorer les conditions de vie de 650.000 personnes. Ce programme prévoit la déclaration de 24 autres villes sans bidonvilles d'ici la fin de l'année en cours et la mise en chantier de 20.000 nouveaux logements avec l'achèvement de 20.000 autres. L'année 2011 verra la déclaration de quatorze villes sans bidonvilles. Une accélération du programme d'éradication des bidonvilles est opérée de façon à recaser 30.000 familles chaque année au lieu du rythme annuel de 5.000 fixé au début du programme. Quant à l'habitat menaçant ruine, le programme d'urgence 2010-2011 mis en place vise à recaser 141.295 familles concernées à travers, entre autres, l'octroi d'une aide directe de 30.000 DH à chacune de ces familles et la mobilisation du foncier réservé à cet effet par les collectivités locales. Ces résultats, repris par les intervenants lors de la deuxième édition du Forum de l'action sociale, qui a eu lieu jeudi dans la ville de Mohammédia sur la thématique de la lutte contre l'habitat insalubre, dénotent la volonté de restructurer le paysage urbain des villes marocaines. Parmi les avancées sur ce chantier et, des plus importantes, «le passage de plusieurs actions partielles en une stratégie globale prenant en considération les spécificités sociales», souligne Youssef Jorio, représentant du ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace. En effet, l'ensemble des intervenants s'accordent sur le fait qu'un tel chantier ne peut être pérenne et efficace en l'absence de l'intégration de la dimension humaine. Selon le président du Réseau associatif de solidarité sociale, Hassan Benhalima (organisateur du Forum), «l'approche de la problématique de l'habitat insalubre s'inscrit non seulement dans la réponse aux besoins fondamentaux des populations concernées, notamment un habitat digne, mais également dans une vision proactive des problématiques sociales qui en découlent». Quel rôle pour les élus ? Les rôles des partenaires administratifs étant clairement définis, le forum se pose la question sur le rôle des élus et du tissu associatif dans la lutte contre l'habitat insalubre. Sur le premier point, Abdelkader Kioua, inspecteur régional au ministère de l'Habitat, explique que «les élus ont comme rôle initial l'élaboration d'un plan communal pour la lutte contre l'habitat insalubre, le recensement des ménages vivant dans ces quartiers précaires, la mobilisation du foncier pour résorber les bidonvilles». Sans oublier leur participation à l'élaboration des documents d'urbanisme, ainsi que la recherche et la mobilisation de moyens financiers. Les élus devront également jouer un rôle phare dans l'accompagnement social et l'encadrement des populations à travers leurs associations.