Les contestations du Maroc vis-à-vis des rapports des différentes organisations internationales n'en finissent plus. Cette fois-ci, la méthode est devenue plus imposante. En effet, la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), relevant du ministère des Finances, vient d'éditer tout un document pour contredire le dernier classement du World Economic Forum relatif aux technologies de l'information et de la communication. Dans celui-ci, le Maroc est classé au 88e rang parmi les 133 pays étudiés. Avec cette position, le Royaume se retrouve derrière plusieurs pays de la région, notamment la Tunisie (39e), l'Arabie saoudite (38e), la Jordanie (44e) ou encore l'Egypte (70e). Cette situation n'est, semble-t-il, pas plaisante pour les autorités marocaines, surtout qu'en comparaison avec le classement précédent le Royaume recule de 2 rangs. Est-ce logique, alors que le Maroc s'est engagé ces dernières années en un plan sectoriel spécialement dédié aux TIC ? En tout cas, de l'avis de la DEPF, le classement du rapport du WEF est faussé. «Les données relatives à certains indicateurs, qui auraient probablement contribué au faible classement du Maroc, sont anciennes et ne sont pas mises à jour», selon le ministère des Finances. Ce dernier donne même l'exemple des statistiques relatives aux taux d'équipement en ordinateurs personnels et aux importations de PC qui datent de 2006. Pourtant, dans le rapport du WEF, le classement du Maroc ne tient pas compte seulement de ces deux facteurs. Celui-ci est, en effet, basé sur 68 variables permettant de mesurer à quel degré les différents pays sont disposés à utiliser efficacement les TIC. Pour le cas spécifique du Royaume, le recul du Maroc est principalement expliqué par la dégradation des scores liés à trois composantes majeures de l'indice «Network Readness». D'abord, le Maroc a reculé d'un rang dans le classement mondial relatif à l'environnement des TIC. En 2008, le pays avait déjà reculé de sept rangs pour cette même composante. Ceci s'explique essentiellement par la perte de 12 rangs sur le sous-indicateur Environnement du marché des TIC qui a absorbé l'amélioration notée par le WEF au niveau du Cadre réglementaire. Par ailleurs, le deuxième indicateur retenu par le WEF dans le cadre de son rapport tend vers l'usage des TIC dans les pays étudiés. À ce niveau, le Maroc n'a pas réalisé d'amélioration et s'est contenté de maintenir son 87e rang, s'alignant ainsi avec les pays émergents qui ont un recours relativement faible aux TIC. En outre, si le Maroc réalise une piètre performance au niveau du classement global, cela est essentiellement dû à son recul de 17 rangs sur le critère Niveau de préparation. Dans ce sens, l'étude a recensé que le Royaume disposait d'un faible niveau de préparation des individus. À cet effet, la tarification des abonnements téléphoniques résidentiels et les appels intramobiles sont les principaux freins auxquels doivent faire face ces derniers. Aussi, le WEF n'a-t-il pas manqué de relever que le Maroc n'obtient que le 112e rang sur les 133 pays de l'échantillon, en termes de qualité du système éducatif.