Le Maroc, comme beaucoup d'autres pays d'ailleurs, a beau contester le classement qu'effectue annuellement le PNUD sur le développement humain, la situation ne semble pas évoluer pour autant. Certes, le Maroc a, dans ce dernier rapport, glané quelques points par rapport à l'année dernière, mais sans pour autant sortir du rang des pays à niveau de développement humain «moyen». De la 130e place en 2009, le Maroc a, cette fois, renversé la tendance décroissante des dernières années en remontant la pente. Un saut qui pourrait être qualifié de pas de géant si ce n'est qu'il concorde mal avec les réalités du terrain, telles que ne cessent de le clamer haut et fort les autorités marocaines. Ces dernières estiment en effet que ce classement ne reflète pas assez les changements intervenus au Maroc ces dernières années, et surtout ne prend pas en compte les progrès enregistrés depuis le lancement de l'INDH en 2005. Selon le Haut commissaire au plan (HCP), Ahmed Lahlimi, qui s'exprimait récemment sur la question, le Maroc a développé une série d'indicateurs propres de mesure du développement humain, qui ne relèvent pas seulement et fondamentalement d'une logique rationnelle et purement scientifique. En effet, côté marocain, on estime que la problématique du développement humain, telle que posée par les défis de la mondialisation, pose aussi la question des indicateurs de mesure du développement humain, sur les plans national et international. Vingt années de mesures du développement humain Le PNUD, qui célèbre cette année le 20e rapport du genre, a innové à travers l'introduction dans le rapport 2010 de nouveaux indicateurs spécifiques ainsi que la modification de sa méthode d'analyse. Les changements de classement des pays par IDH sont désormais enregistrés sur une période comparative de cinq ans, plutôt que d'une année sur l'autre, afin de mieux illustrer les tendances du développement. En raisond'améliorations méthodologi-ques apportées à la formule de calcul de l'IDH, les classements 2010 ne sont pas directement comparables à ceux des rapports antérieurs. Les nouveaux indices qui se réfèrent à d'autres facteurs de développement fondamentaux ne sont pas directement reflétés dans l'IDH. Il s'agit de l'Indice de développement humain ajusté aux inégalités (IDHI), l'Indice d'inégalité de genre (IIG) et l'Indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM). Le rapport 2010, intitulé «La vraie richesse des nations : les chemins du développement humain» , a également appelé à une recherche approfondie et de meilleures données pour évaluer les défis dans d'autres dimensions critiques du développement humain, notamment «l'autonomisation» politique et la «soutenabilité environnementale». Ainsi le rapport a relevé que la majorité des pays en développement ont réalisé, au cours de cette période, des progrès spectaculaires et pourtant souvent sous-estimés dans les domaines de la santé, de l'éducation et du niveau de vie. Plusieurs pays, classés parmi les plus pauvres, ont enregistré des gains importants, à travers une nouvelle analyse détaillée des tendances à long terme de l'Indice de développement humain (IDH). Au niveau des pays arabes par exemple, le rapport fait ressortir que la région compte cinq des «10 pays les plus performants» sur les 135 étudiés, et qui ont enregistré la plus forte performance en termes d'IDH depuis 1970. Même au niveau de l'Indice d'inégalité de genre (IIG), les Etats arables ont atteint un IDH régional moyen de 70%, nettement supérieur au déficit moyen mondial de 56%. L'Afrique subsaharienne réalise également de belles performances malgré les multiples pesanteurs qui freinent de nombreux pays africains à relever certains défis liés à la pauvreté. C'est surtout dans les domaines de l'éducation et de la santé publique qu'on enregistre de réels progrès. La représentation parlementaire des femmes est par exemple supérieure à celle de l'Asie du Sud, des Etats arabes ou de l'Europe de l'Est, bien que cet accomplissement soit atténué par des disparités. Le royaume, bon élève de la région Malgré sa position, loin derrière la Tunisie (81e), l'Algérie (84e) et l'Egypte (101e), le Maroc a réussi à relever le niveau de développement humain sur les trois dernières décennies. Entre 1980 et 2010, l'IDH du Maroc a augmenté de 1,6% par an, passant de 0,351 à 0,567 aujourd'hui. En comparaison à celui des Etats arabes en tant que région, qui a connu une progression de 0,398 en 1980 à 0,590 aujourd'hui, le Maroc se place en effet au-dessus de la moyenne régionale. Un point positif pour le Maroc qui risque de revenir d'ici peu en haut du podium, au regard des grands chantiers lancés cette décennie et qui ne seront pas sans impacter les indicateurs internationaux de mesure de développement humain.