L'ONCF roule sur de bons rails. C'est du moins ce qui ressort de ses résultats annuels, qui enregistrent globalement une hausse tant au niveau des réalisations commerciales, que des résultats financiers et de gestion. Plus concrètement, le chiffre d'affaires de l'Office national des chemins de fer a atteint les 3,43 MMDH, soit une progression de 11% en glissement annuel. La valeur ajoutée a enregistré, quant à elle, une hausse de 8,4% atteignant plus de 2,6 MMDH. Pour ce qui est de la capacité d'autofinancement, cette dernière s'est établie à près de 1,4 MMDH, en amélioration de 24% par rapport à 2010 ce qui, selon Mohamed Rabie Khlie, directeur général de l'ONCF, permet de «réduire le taux d'endettement prévu pour le financement de ses projets d'investissements». Au total, ce sont 34 millions de passagers qui ont été transportés et 37 millions de tonnes de marchandises acheminées, ce qui permet de constater une progression à deux chiffres par rapport à 2010. Pour expliquer cette tendance, Mohamed Rabie Khlie s'appuie sur «les effets d'entraînement des projets structurants réalisés ou en cours de réalisation». «Satisfaction clients» Dans un premier temps, il s'agirait du plan quinquennal précédent qui aurait permis le doublement des voies ferrées sur certains tronçons, l'acquisition de nouvelles rames ou encore la construction de nouvelles lignes (en l'occurrence Tanger Med et la desserte de Nador). Tout ceci laisse donc transparaître une stratégie de développement d'envergure, qui vise essentiellement à renforcer le réseau de transport mais également à garantir une meilleure qualité des services. C'est sur ce point que le top management a développé sa vision, qui est notamment définie grâce à une étude de satisfaction récemment menée. Il en ressort alors que seuls 64% des passagers ou utilisateurs de trains seraient satisfaits de la qualité de leurs voyages. Pour parvenir à réaliser ses objectifs sur ce volet, à savoir améliorer ce taux pour le porter à 80% à horizon 2015, l'ONCF table sur une stratégie qui cible des chantiers prioritaires. Un de ses axes serait vraisemblablement «la réduction des actes de sabotage» qui continuent d'avoir un coût estimé à des millions de DH. Concrètement, sur le volet des services ayant un impact direct sur la qualité du transport des voyageurs, l'Office prévoit d'investir davantage dans les systèmes d'information aux voyageurs, notamment sur les trains navettes reliant Rabat à Casablanca et à automatiser la sonorisation et donc la communication - Mais en réalité, derrière cette bonne volonté et le caractère ambitieux de la stratégie clientèle, l'Office semble engagé dans une stratégie d'envergure qui vise à faire passer le nombre de voyageurs de 2,5 millions à 6 millions d'ici la mise en oeuvre du nouveau projet TGV. Le patrimoine foncier de l'ONCF se verrait donc agrandi et passerait de 10.000 hectares actuellement, à 12.000 hectares d'ici la mise en service de la ligne à grande vitesse. Objectif TGV «Notre stratégie étalée sur 5 ans, vise à délocaliser le trafic de marchandises vers des zones industrielles, grâce à l'acquisition de nouveaux terrains, ce qui nous permet de maîtriser le développement autour des gares», explique Rabie Khlie. Dans une analyse plus approfondie, la stratégie du groupe s'inscrirait également dans un contexte particulier, qui n'est autre que l'introduction graduelle du «système TGV», dans le paysage ferroviaire national. Tout laisse à croire qu'il se prépare à l'arrivée de ce grand projet estimé à plus de 20 MMDH. C'est à juste titre ce qui permettrait de justifier l'attention particulière portée à ce projet lors de la présentation des résultats, qui finalement aura été axée sur la «défense» de ce projet à travers un plaidoyer minutieusement ficelé. Pour couper court à la polémique et aux nombreux mouvements contestataires, le top mangement a tenu à expliquer que ce projet n'est aucunement une «épine dans le pied du budget de l'Etat», puisqu'il est pour une large majorité issu d'un financement étranger. «Seulement 800 MDH, soit 1,4% du financement, seront investis annuellement dans ce projet, sachant que près de 20 MMDH restent étroitement liés à ce projet et ne pourront en aucun cas être investis dans d'autres secteurs», tranche Khlie. L'intervention aura eu le mérite d'être claire, d'autant plus que pour le top management, les retombées de ce projet sont indéniables que ce soit en termes de création d'emplois directs, que d'encouragement des entreprises nationales, qui bénéficieront d'une politique volontariste.