Le chorégraphe et danseur Sidi Larbi Cherkaoui, une des figures emblématiques de la danse contemporaine, présente à chacune de ses représentations un hommage, une légende exploitant à chaque fois des canaux où la danse a rarement fait trembler. En effet, après le succès de son œuvre «Sutra» en Europe et aux Etats-Unis, l'artiste marocain a débarqué en compagnie de moines du célèbre temple Shaolin en Australie pour présenter ce spectacle dans le célèbre opéra de Sydney. Produite par la troupe de danse britannique Sadler's Wells en 2008, cette œuvre artistique qui vient d'être présentée, dimanche19 septembre, a constitué, selon les critiques, l'un des tournants importants dans l'art de la danse occidentale. C'est, en effet, la première fois que des arts martiaux, en particulier le kung fu, sont utilisés dans les chorégraphies. L'histoire de «Sutra»... «Sutra» est dirigée et présentée par Sidi Larbi Charkaoui et 17 combattants Shaolin, âgés de 9 à 22 ans. Une représentation qui marie différentes cultures et laisse entrevoir des fresques artistiques réalisées sur fonds de musique occidentale composée par le Polonais Simon Berzowska. Le tout se passe dans un décor composé de 21 boîtes en bois multiformes, sculptées par le britannique Antony Gormley. Son choix de conceptualisation artistique semble revenir à la passion de l'artiste pour Bruce Lee et pour ses célèbres mouvements. «J'ai passé des semaines en compagnie de moines bouddhistes dans leur temple à Donvan dans la province de Hunan (Chine centrale) au sein d'une société où la personnalité de l'individu s'efface au profit d'une série d'enseignements et de règlements stricts en matière de style de vie, de régime alimentaire et de comportement», a eu l'occasion de déclarer le chorégraphe. «Les convaincre de réaliser ce travail n'était pas une mince affaire», a-t-il confié. Des difficultés qui s'accentuent par le fait que la pièce marie musique occidentale relaxante, rythmes du piano et mouvements de combat des guerriers Shaolin. Mais sans baisser les bras, l'artiste a voyagé, immergé, convaincu et impressionné. Pour l'origine du mot, Sutra est un terme commun en bouddhisme qui signifie, entre autres, enseignements et formes. ...Et celle de Cherkaoui Né en 1976 à Anvers (Belgique) d'un père marocain et d'une mère flamande, Cherkaoui est parti à l'école coranique, a pratiqué le dessin et reproduit les toiles des maîtres flamands. Il ne débute la danse qu'à l'âge de 16 ans, alors que la plupart des danseurs de son talent ont déjà plusieurs années de pratique derrière eux à cet âge. Après des débuts de danseur et de chanteur dans des spectacles de variété à la télévision belge, il décide d'entamer une formation professionnelle de danse contemporaine dans la célèbre école P.A.R.T.S., fondée par la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker. Parallèlement, il travaille avec des compagnies de hip-hop et de modern jazz en Belgique. Son style reste marqué par cette époque, notamment en raison de ses capacités peu ordinaires de souplesse. L'année 2010 marque une importante transition dans sa longue carrière avec la fondation en janvier de sa compagnie « Eastman», qui est en résidence au Toneelhuis à Anvers.