En 1998, lorsque le socialiste Mohamed El Achaâri prenait les commandes du ministère de la Culture, plusieurs promesses avaient été faites afin de permettre à ce département longtemps négligé, de tutoyer les autres ministères. Quatorze ans après, aucune promesse n'a été tenue et la culture demeure toujours le maillon faible de la chaîne. L'enveloppe prévue au titre de l'exercice 2012 pour le département de Sbihi nous rappelle ce constat si amer. Elle est de 573,9MDH, répartis entre les dépenses de personnel (199,5MDH), les dépenses de matériels, les dépenses diverses (139,4MDH) et les dépenses d'investissements (235MDH). C'est donc avec ce budget que le ministère doit lancer de nouveaux projets, achever ceux déjà entamés, promouvoir le livre ou encore préserver le patrimoine national. Selon le projet de loi de finances 2012, les projets programmés portent sur cinq axes. Le premier s'articule autour du développement de l'infrastructure culturelle par la réalisation des grands projets culturels. Il s'agit notamment du Musée national des arts contemporains et de l'Institut national de musique et des arts chorégraphiques, dont les travaux devraient prendre fin en 2012. Ces deux grands projets lancés il y a plusieurs années, nécessitent respectivement 200 MDH et 193 MDH. Figure aussi parmi les priorités du premier axe, la réalisation des travaux d'études architecturales du Musée national de l'archéologie et des sciences de la terre. Situé dans la zone d'aménagement du Bouregreg, ce projet nécessite un coût global de 160 MDH dont 70 millions seront pris en charge par le Fonds Hassan II pour le développement économique et social. Le deuxième axe est relatif à la modernisation et à la consolidation de la gouvernance. Un objectif qui sera atteint à travers la réalisation des travaux de restauration, d'aménagement et d'équipement des locaux de l'administration centrale et la poursuite de la construction des sièges, au profit des seize directions régionales. L'équipement de l'administration centrale et des directions régionales en moyens bureautiques et informatiques, et la mise en place d'un réseau de 80 maisons de la culture, à travers le royaume, demeurent parmi les objectifs tracés dans ce sens. Le livre, l'éternel problème ! Depuis sa nomination à la tête du ministère de la Culture, Mohamed Amine Sbihi n'a cessé d'affirmer que la promotion du livre est l'une de ses priorités. Après un Salon du livre à Casablanca – dont le bilan est mitigé - l'on parle, dans ce projet de loi de finances, du renforcement de l'infrastructure bibliothécaire et des médiathèques, par «la réalisation d'opérations de construction, de réhabilitation et d'équipement au profit de 120 bibliothèques publiques et espaces de lecture». L'encouragement à la lecture, l'organisation de Salons du livre, la publication et la diffusion d'ouvrages, ainsi que l'encouragement des publications des jeunes auteurs, sont, entre autres, les objectifs à atteindre dans le cadre de l'axe 3, réservé à la promotion du livre et de la lecture publique. Une partie du budget 2012 devrait servir à aménager sur le territoire national des espaces dédiés à la présentation des œuvres théâtrales, et à octroyer un soutien financier pour la production de 15 pièces sélectionnées. Le 4e axe prévoit également la réalisation d'un nouveau siège pour le Conservatoire de musique de Rabat, estimé à 11 MDH, l'achèvement de la construction de celui de la ville d'Oujda, pour un montant de 7,5 MDH, et l'exécution des travaux de restauration et d'équipement en instruments de musique au profit du réseau des conservatoires de musique et de danse existants. Enfin, le cinquième et dernier axe, concerne la conservation et la promotion du patrimoine monumental, archéologique et ethnographique à travers la restauration des murailles des villes de Sefrou, Damnate, Taza, Taroudant, Essaouira, Tiznit, Salé et l'achèvement du projet de réhabilitation de la médina de Tétouan (10MDH). Conscient que le budget alloué au ministère de la Culture est loin d'être suffisant pour la réalisation de tous ces projets, le département de Nizar Baraka, rappelle que des fonds additionnels pourront toujours être mobilisés. Des fonds qui proviennent du partenariat et des ressources propres générées par les droits d'entrées aux différents édifices culturels, aux monuments et sites historiques. Ce sont ces fonds qui permettront au ministère de la Culture d'organiser par exemple des festivals, d'appuyer la couverture médicale des artistes ou d'organiser des événements culturels. Sbihi et ses équipes arriveront-ils à nous faire une belle surprise d'ici à la fin 2012, en nous annonçant que ces projets si ambitieux sont devenus des réalités ?