Si ONA et SNI ne font plus partie de la cote depuis jeudi dernier, leurs filiales continuent en revanche d'attirer l'attention sur le marché boursier. C'est notamment le cas de Cosumar, pour laquelle les analystes de BMCE Capital Bourse viennent d'émettre une nouvelle recommandation. «Avec une valorisation qui ressort à 1.770 DH, notre recommandation est d'accumuler le titre» conseillent donc ces analystes. Et pas seulement eux, puisque CFG Group, dans son dernier rapport semestriel boursier avait, également, émis une recommandation à l'achat sur Cosumar. Un avis partagé par Attijari Intermédiation, où la valeur fait partie du portefeuille cible de la société de Bourse du Groupe Attijariwafa Bank. C'est dire le consensus qui entoure la filiale sucrière du holding ONA. Mais qu'est ce qui explique cet optimisme des analystes face à cette valeur ? D'abord, il faut savoir que, selon les estimations d'Attijari Intermédiation, Cosumar affiche un PER de 11,4 fois les bénéfices escomptés en 2010 et un dividend yield de 5,7%. Il s'agit sans nul doute des meilleurs ratios des valeurs agroalimentaires cotées. Ils sont ainsi le fruit de fondamentaux économiques solides. En effet, plusieurs arguments sont cités par les professionnels du conseil boursier pour justifier leur recommandation positive pour Cosumar, à commencer par la situation de monopole dont jouit la société. Suite au rachat des ex-sucreries publiques, elle est donc devenue le seul représentant d'un secteur hautement stratégique. «La filière sucrière a effectivement bénéficié d'importants investissements publics et privés qui ont conduit au développement de la production locale du sucre couvrant actuellement près de 47% des besoins du pays» rappelle-t-on au sein de BKB. Aujourd'hui, la filière dispose également d'un contrat programme signé entre Cosumar et les acteurs du secteur, qui vise à étendre la surface cultivée des plantes sucrières, et qui devrait, à l'horizon 2013, atteindre 8.000 ha contre 5.140 actuellement. Le contrat-programme en question devrait en outre générer une production de 675 milles tonnes de sucre. Aussi est-il question de promouvoir la recherche et le développement, via la mise en place d'un centre dédié aux cultures sucrières et qui aura pour mission de conduire les programmes de recherche adaptative, ainsi que d'appliquer et de transférer les technologies établies sur la base des problèmes techniques réels. Des finances à toute épreuve Par ailleurs, la bonne santé financière de la société, marquée par des niveaux de marges et de rentabilité satisfaisants, ainsi que les projets de croissance externe à l'international toujours au stade d'étude sont autant d'arguments qui justifient l'avis des sociétés de Bourse. «Sur le plan financier, le Groupe affiche des indicateurs de rentabilité et des marges globalement favorables, ainsi qu'une trésorerie nette en redressement» confirme les conseillers de BKB. En dépit de l'intensification de la stratégie d'investissement, la société parvient à maintenir son taux d'endettement à un niveau jugé raisonnable par les analystes, soit moins de 30%. En effet, «Le groupe a alloué plus de 750 MDH à la mise à niveau des installations industrielles, notamment celles de l'usine de raffinage de Casablanca», ajoutent les analystes d'Attijari Intermédiation. Les retombées positives ne devraient pas tarder à se matérialiser sur la marge opérationnelle de la société, à travers notamment la création de synergies entre les filiales. Ces dernières devraient dans ce sens améliorer leurs conditions d'exploitation et ainsi leur rendement industriel. «Le nouveau dispositif industriel de Cosumar lui conférera une large capacité de raffinage, qui va lui permettre de substituer la production locale par des importations de sucre brut sur le marché international, et d'approvisionner convenablement le marché local, dont la demande s'accroît chaque année d'environ 2%», rajoutent les mêmes analystes. Cependant, à moyen terme et dans le cadre de la réforme prévue de la Caisse de compensation, les analystes craignent que Cosumar ne puisse plus bénéficier, à partir de 2014, de la subvention étatique. «Néanmoins et compte tenu de la faible élasticité du prix du sucre et de sa place stratégique dans les habitudes culinaires des Marocains, l'impact sur la consommation nationale devrait être insignifiant, d'autant plus que l'orientation des consommateurs vers le diététique est quasiment imperceptible sur le marché» rassure-t-on au sein de BKB. Enfin, en matière de croissance externe, Cosumar serait en prospection pour profiter de prises de participation dans le capital d'un ou plusieurs sucriers à l'international. C'est dire tout le potentiel qu'offre la valeur aux investisseurs, ceci en attendant le renforcement de son flottant à travers la cession par ONA d'une grande partie du capital de ses filiales (annoncée dans le cadre de la fusion ONA /SNI) et qui devrait renforcer d'avantage la liquidité du titre en Bourse.