À peine mis en selle ce début d'année, l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), s'attaque à un gros dossier. Celui de la traçabilité de l'élevage et des produits alimentaires qui en sont issus. L'instance est actuellement penchée sur la conception d'un système national d'identification et de traçabilité (SNIT) spécifique aux bovins, caprins et camelins. Il s'agit, ainsi de mettre sous la loupe la sécurité sanitaire de ces viandes depuis l'élevage jusqu'au produit fini. Une démarche somme toute louable mais logique au vu de l'ampleur du chantier, mais aussi au vu des ambitions du Plan Maroc Vert et de la tâche qu'est censée remplir cette nouvelle entité. Le dispositif à venir s'inscrit, aussi, comme un passage obligé au regard des accords de libre échange signés par le Maroc, de l'ouverture des frontières, du démantèlement progressif des barrières douanières, et de l'importance accordée à la sécurité du consommateur et à l'environnement. Sans compter, les engagements pris par le gouvernement dans le cadre des contrats-programmes des filières viandes rouges et lait, parmi lesquels figure l'accélération de la mise en place des mesures d'identification du cheptel et sa traçabilité. Un suivi conséquent puisque le patrimoine animal qui fera l'objet de l'identification est estimé à environ 2,8 millions de bovins, 17,3 millions d'ovins, 5,4 millions de caprins et près de 200.000 dromadaires. 38 % du CA agricole Seulement, l'on ne part pas de rien. En effet, le département de l'Agriculture s'est attelé depuis les années 90 à mettre en place un système national d'identification qui a concerné, à ce jour, trois espèces animales. Il s'agit, en l'occurrence, des bovins, camelins et équidés. À ses débuts, le dispositif était rudimentaire et consistait à poser une boucle métallique sur l'animal sans établir de carte d'identité ni tenir un registre d'élevage. Ce n'est qu'en 2003, que ces deux derniers outils ont été introduits. En revanche, à ce jour, aucun système de traçabilité n'est appliqué aux viandes et aux sous-produits d'abattage au niveau des abattoirs. Seul l'abattoir de Casablanca applique un système d'identification des quartiers, abats et sous-produits par rapport à l'animal dont ils sont issus. Au niveau des ateliers de découpe, seuls des systèmes individuels sont mis en place pour des objectifs économiques et commerciaux. Il est à préciser que les systèmes d'identification des bovins actuels (datant de 2003) ont été lancés sur la seule base d'une note circulaire ministérielle, du fait de l'inexistence alors d'une loi relative à la sécurité sanitaire. Celle-ci (la loi n°28-07) n'a été adoptée qu'en juin 2009. La mise en place du nouveau dispositif viendrait mettre de l'ordre dans une filière vitale pour l'économie nationale. L'élevage au Maroc assure 38 % du chiffre d'affaires du secteur agricole, 60 % d'emplois en agriculture et contribue à la garantie de la sécurité alimentaire du pays à hauteur de 87 %, 98 % et 100 % de la demande en lait, viandes rouges et viandes blanches. C'est dire, ainsi, tout l'intérêt de conditionner le circuit de la filière pour garantir au consommateur final la qualité de ce qu'il y aura dans son assiette.