Après avoir mis les feux des projeteurs sur plusieurs thématiques et cultures, le Salon international du livre et de l'édition (SIEL) de Casablanca a accueilli mardi une rencontre sur la culture hassanie, partie intrinsèque de l'identité culturelle du Maroc. La rencontre qui s'est tenue sur le thème «La culture hassanie et la créativité» a réuni nombre de chercheurs et d'experts qui, chacun de son côté, ont apporté leur témoignage sur la richesse linguistique, patrimoniale et littéraire de la culture hassanie. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux ont mis l'accent sur le caractère diptyque de la langue hassanie, résultat d'une superposition des cultures amazighe et arabe, voire même africaine. Dans ce registre, les intervenants, notamment le chercheur Taleb Bouya Laatig et le musicologue Ahmed Aydoun, ont précisé que nombreux sont les livres d'histoire qui ont décrit exhaustivement les échanges poétiques au Sahara, citant des poèmes d'une grande valeur littéraire, qui mixent les langues hassanie et amazighe et qui démontrent à quel point les Sahraouis sont ouverts sur les autres langues et sur leur environnement extérieur. «La langue hassanie, dont l'origine est la société beïdane est une langue, un dialecte, un discours et des paroles. C'est une langue qui possède une forte symbolique et se distingue par son côté esthétique», explique Taleb Bouya Laatig. De la musique aussi... La musique demeure parmi les preuves de l'ouverture de la culture hassanie sur d'autres rythmes d'horizons différents. Selon toujours le chercheur Bouya Laatig, cette musique est un assemblage du «hijaz», du «srouji» et «Taghjouta», avec un recours à Tadinit, (un instrument musical dont l'appellation est amazighe), outre l'intégration des Jawanib. Ce mélange explique sa richesse. Ces propos sont confirmés par le musicologue et chercheur Ahmed Aydoun, qui a relevé une relation entre la musique hassanie et la philosophie grecque, à travers la théorie de «tabaii et tobou» qu'on trouve chez Ikhwan Al-Safa et Al Kindi. Comme Pythagore, Al Kindi met en évidence les sons produisant des accords harmonieux qui ont chacun une hauteur précise. Le degré d'harmonie dépend de la fréquence des sons. Enfin, on a mis l'accent lors de cette rencontre, sur l'avidité de communiquer et d'échanger chez les Sahraouis. «La culture hassanie brise le silence et incite à la parole, a précisé un autre chercheur, Ibrahim Al Hayssen, notant l'existence de plusieurs proverbes qui confirment cette propension. Rappelons que la 18e édition du SIEL qui se poursuit jusqu'au 19 février, propose outre des livres à des prix raisonnables, une série de rencontres sur des thématiques liées à la culture.