Soutenir la PME. Si cela est nécessaire pour la vitalité de l'économie nationale, ce n'est pas aussi évident sur le terrain. C'est la réalité à laquelle a été confrontée la directrice de l'ANPME, Latifa Echihabi. Et pour cause, ni les sorties successives de l'ex-ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, visant à motiver les dirigeants des PME à saisir les opportunités qu'offrent les prestations de l'ANPME, ni les actions de communication et de marketing mises au point par Latifa Echihabi n'ont suffi à susciter les élans d'adhésion espérés, auprès des entreprises cibles. Pour preuve, le bilan d'activité 2011 de l'ANPME dressé le mardi 31 janvier 2012 en la présence de Mohammed Aâmara, le nouveau ministre de l'industrie et de Abdelouahed Souhail, ministre de l'Emploi et de la formation p rofessionnelle, n'a pas atteint le résultat espéré. Aujourd'hui encore, seules 341 entreprises ont pu bénéficier des budgets alloués par l'Etat pour financer les programmes de l'Agence. Pour pallier la mévente de ses programmes, l'Agence des PME a changé à plusieurs reprises de tactique, notamment en termes de communication. Comme palliatif, l'ANPME a multiplié les partenariats courant 2011. Elle a procédé à la signature de plusieurs conventions, dont notamment celles relatives à la création d'une usine modèle, INMAA SA, et son lancement effectif, à l'appui et à l'accompagnement de l'émergence des agrégateurs, «converteurs» et distributeurs dans le secteur du textile-habillement. Ainsi, elle a lancé en collaboration avec le ministère de tutelle le programme de soutien de l'innovation et des clusters technologiques et industriels. L'ANPME a également procédé durant l'année 2011 à la signature d'un avenant relatif au cadre contractuel Etat/ANPME pour l'amélioration de l'accès des entreprises aux programmes Imtiaz et Moussanada, en plus de la conclusion d'autres partenariats, dont celui avec le ministère de l'Industrie et l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) pour la promotion de la sécurité et de la santé au travail. Malheureusement, les retombées ne sont pas au niveau espéré. Pour les PME, la raison de leur désintérêt est bien simple : le processus d'octroi des aides de l'ANPME paraît trop complexe. Pour postuler à une offre (Moussanada ou Imtiaz), les PME candidates doivent fournir leur quitus de déclaration CNSS et d'impôts et leur bilan pour être soumises à un rating bancaire, lorsqu'elles ne le sont pas déjà du fait de leurs engagements (crédits) auprès des banques. Le problème réside dans le fait que beaucoup de ces PME ne sont pas capables de fournir les quitus exigés, car n'étant pas en règle ni vis-à-vis de la Caisse sociale ni de la Direction générale des impôts. Du point de vue de l'Etat, ce sont pourtant là des conditions nécessaires. Pour remédier à cette situation la solution envisagée par l'Agence a consisté à mettre en œuvre plusieurs instruments et démarches pour évaluer l'impact de son action au profit des PME, dont en particulier le baromètre de la situation d'affaires des entreprises accompagnées par l'ANPME. À ce titre, les résultats de la 7e édition du baromètre montrent que les PME bénéficiaires des programmes améliorent leurs indicateurs de ventes, d'emploi et d'investissement. Elles sont plus avisées sur les fluctuations et tendances des marchés, sont beaucoup plus optimistes quant à leur situation d'affaires et envisagent l'avenir de leur entreprise en toute sérénité. Toujours selon les résultats du baromètre, «les PME accompagnées par l'ANPME enregistrent des scores significativement supérieurs à ceux obtenus par le groupe témoin sur la quasi totalité des indicateurs observés». Les tops et les flops Les retombées ne suivent pas les grandes ambitions de l'ANPME. C'est en effet, ce qui ressort du bilan de l'Agence pour l'année 2011. En matière de programmes d'appui direct aux PME, cette année a connu le lancement de deux éditions Imtiaz qui ont permis de sélectionner 47 projets ayant bénéficié de la prime Imtiaz pour un investissement global de près de 1,028 MMDH. Ces projets devraient générer sur les 5 prochaines années un chiffre d'affaires additionnel de près de 15,3 MMDH, une valeur ajoutée supplémentaire de plus de 4,7 MMDH, en plus d'un milliard de DH de contribution en IS, soit près de 8 fois la prime octroyée et près de 4.519 nouveaux emplois. Le montant global de la prime Imtiaz allouée aux entreprises s'élève à 174 MDH. De même, certains projets retenus s'inscrivent dans une stratégie de substitution aux importations. D'autres vont induire des augmentations substantielles des exportations et une diversification des marchés, notamment vers les pays africains. S'agissant de Moussanada, le programme phare de l'Agence, celui-ci n'a permis l'accompagnement que de 341 entreprises qui ont bénéficié de 468 actions. Il en est de même pour le programme Inmaa basé sur une usine modèle, et qui a pour objectif de diffuser au sein du tissu des entreprises les principes de l'excellence opérationnelle. Ce dernier, qui a pour ambition d'améliorer la productivité de 25%, de réduire les coûts unitaires de 20%, et les délais de production de 50%, n'a pu toucher que 59 entreprises. En revanche, le programme Rawaj, qui vise à accompagner les champions nationaux, avec comme objectif le développement de concepts commerciaux marocains à l'échelle nationale et internationale, avait comme retombées l'accompagnement de 6 enseignes. Toutefois, il est à signaler que ces enseignes font partie des grandes entreprises marocaines structurées. La moitié pleine du verre Au regard des professionnels, si l'ANPME n'a pas réussi à promouvoir ses propres programmes, cela n'a pas été le cas pour ceux lancés en collaboration avec le ministère de l'Industrie. En effet, bien que ces derniers ont été lancés en 2011, leurs retombées ont été honorables. C'est le cas du programme d'informatisation des PME-PMI. Ce dernier qui vise à doter ces structures des systèmes d'information métiers et support adaptés, en vue d'améliorer leur compétitivité, a réussi en quelques mois à toucher plus de 120 entreprises. Il en est de même pour le programme Tatwir. Depuis son lancement, ce projet a attiré l'attention de plusieurs PME issues de toutes les régions du Maroc. La réussite a été également au rendez-vous pour Infitah. Ce programme, inscrit dans le cadre de la stratégie Maroc Numeric 2013, et qui vise la sensibilisation des dirigeants de TPE à l'utilisation des TI, a permis, d'octroyer 1.700 permis numériques et 240 packs TI sur la période de mai à décembre 2011. Concernant le projet de commerce de proximité, qui a pour objectif d'accompagner des projets de modernisation visant à développer l'activité et la rentabilité, ce dernier a également réalisé des exploits. En effet, il a accompagné 13.500 points de vente durant l'année 2011. Même chose pour Intilak. Ce programme a financé depuis son lancement au mois de juin, 12 startups innovantes. Le plan 2012 acté Le Conseil d'administration de l'Agence, réuni en fin janvier dernier, a entériné le plan d'action 2012, qui porte essentiellement sur la poursuite de l'accompagnement des entreprises dans le cadre des différents programmes d'appui gérés ou co-pilotés par l'ANPME. À ce titre, l'édition Imtiaz 2012 sera lancée en 2 temps. La première édition 2012 est lancée le 1e février 2012 et la date limite du dépôt du dossier de candidature par la banque auprès de l'ANPME est fixée au 2 mai 2012. La deuxième édition quant à elle sera lancée mi juillet 2012. Le programme Moussanada se poursuivra également avec l'accompagnement de 500 entreprises et la mise en place de nouveaux produits.