Inwi bien parti pour bousculer ses concurrents? Au lancement de l'offre GSM d'Inwi, Frédéric Debord, patron du troisième opérateur télécoms, a officiellement affiché cette ambition. Quatre mois plus tard, le directeur général d'Inwi matient semble encore plus décidé à décrocher la place de deuxième opérateur du marché. Vœu pieux ? Au vu des chiffres fournis par Inwi, la filiale d'ONA-SNI et le koweitien Zain semblent bien armée pour y arriver. Pour preuve, l'offre GSM de l'opérateur a cartonné en recrutant plus d'un million d'abonnés. «La société s'était dispersée par le passé. Aujourd'hui la priorité va d'abord au renforcement de notre présence sur le GSM», souligne Debord. «Au départ, nous tablions sur 500.000 clients sachant que notre réseau était préparé pour accueillir deux millions d'abonnés», ajoute-t-il, lors d'une rencontre avec la presse en fin de semaine. Côté résultats, l'opérateur annonce un chiffre d'affaires de 1,616 milliard de DH, au terme du premier semestre 2010, en croissance de 24%, comparé à fin juin 2009. Et ce, avec un Ebitda (revenus avant intérêts, impôts, dotations aux amortissements et provisions sur immobilisations) qui sort du rouge pour la première fois : il passe de -182 millions (fin juin 2009) à 21 millions de DH au terme du premier semestre 2010. De quoi donner des ailes à Debord. Mais ce dernier garde la tête froide. Il entend ainsi consolider ces acquis et développer l'offre GSM d'Inwi, en misant sur les valeurs ajoutées. En effet, 230.000 utilisateurs des services à valeur ajoutée (MSN, Internet...). L'opérateur évoque 16% des revenus réalisés sur les valeurs ajoutées (la moyenne est de 8% sur le marché). Au total, Inwi dispose de quatre millions d'abonnés, dont un million de clients GSM Inwi. Pour ce dernier, plus de 90% des clients d'Inwi ont été recrutés via l'offre pré-payée. Selon le patron d'Inwi, quelques milliers seulement se sont abonnés à l'offre post-payée. Ce qui est en phase avec la tendance du marché des télécoms au Maroc (90% des clients en pré-payé). Bayn restera Pour renforcer son offre GSM, Debord indique qu'il continuera à jouer «la carte des services à valeur ajoutée et la transparence des prix». On ne change pas une équipe qui gagne. «Nous ne pouvons pas nous permettre de jouer sur la baisse des prix pour nous imposer. Ce n'est pas viable économiquement», reconnaît Debord. En effet, sur ce terrain, la concurrence dispose d'une puissance de frappe assez conséquente pour courcircuiter le troisième opérateur. La recette de Debord combinera ainsi les services à valeur ajoutée et la qualité du réseau pour contourner le piège. «On est en train d'investir lourdement sur les deux créneaux», indique-t-on. Debord parle de 400 millions de DH injectés cette année pour l'amélioration du réseau et de plus des 800 millions de DH en 2009. En plus du renforcement de l'offre GSM, le patron d'Inwi rappelle qu'il compte aussi consolider l'offre de téléphonie restreinte «Bayn», qui concentre plus de 62% de parts de marché. «Bayn reste toujours un produit phare, qui continuera à croître car il a sa clientèle et répond à une demande clairement formulée par le marché», selon Debord. D'ailleurs, le troisième opérateur s'attend à un chiffre d'affaires de 1 milliard de DH sur ce segment, en 2010. Concernant une éventuelle entrée en Bourse d'Inwi, Frédéric Debord pense que l'entreprise en a parfaitement le profil. «Mais c'est aux actionnaires de décider», lance-t-il.