L' Etat veut mettre de l'ordre dans les flux import-export des céréales et produits dérivés. L'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (Onicl) vient de rendre publique une nouvelle circulaire imposant une déclaration initiale pour les opérations d'importations ou d'exportations de céréales, des légumineuses ainsi que de leurs produits dérivés. La structure publique aura désormais une visibilité plus précise et renforcée sur tout ce qui devrait traverser la frontière nationale, allant vers comme provenant de l'extérieur. De source officielle, l'Onicl parle d'un besoin d'assurer «le suivi de l'approvisionnement du pays en céréales et légumineuses, ainsi que de «renforcer le système d'information sur les importations et les exportations de ces denrées et de leurs dérivés». La nouvelle a fait évidemment rapidement le tour du marché, mais les réactions des professionnels de la Fédération nationale des négociants de céréales et légumineuses se faisaient toujours attendre au moment où nous mettions sous presse. Ces derniers devront en tout cas désormais déposer des déclarations à l'Onicl, dans les formes prescrites par cette dernière, contre la délivrance d'un récépissé. Pour le suivi des déclarations d'importation, l'Onicl instaure une Déclaration initiale d'importation (DII) sur les opérations, et y ajoute une caution de garantie de bonne exécution du volume déclaré. En d'autres termes, il s'agit d'une sorte de garde-fou pécuniaire à tout dépassement ou dérapage dans le cadre de cette DII, de la part des importateurs. Ce montant est fixé à 5 dirhams le quintal pour les deux variétés de blé, et à 3 dirhams le quintal, restituables à la fin de l'opération. Toute chose a cependant une exception. Limites Cette nouvelle circulaire ne devrait cependant pas s'appliquer aux «importations effectuées pour le compte de l'ONICL», informe-t-on auprès de l'Office. À cette dispense s'ajoute aussi celle des importations effectuées dans le cadre des dons ou sous les régimes économiques en douane, ainsi qu'aux volumes de céréales ou produits inférieurs à 10 quintaux par opération. Il faut savoir que pour la campagne de commercialisation 2011-2012, quelque 27.000 quintaux de céréales (blés tendre, dur, orge et mais) ont été déjà importées à la date du 15 janvier dernier. 43% de ce volume proviennent de la France, suivie du Brésil et de l'Argentine, qui ont respectivement fourni 20% et 14% du total importé dans le marché local. Ces deux pays se positionnent majoritairement sur les importations de maïs, totalisant près de 81% du total importé de cette denrée, là où la France monopolise l'orge. Pour rappel, L'Etat avait récemment décidé d'ouvrir légèrement les vannes aux céréales étrangères. Les autorités avaient en effet suspendu la perception des droits de douane à l'importation des blés dur et tendre, pour une période qui a pris fin le 31 décembre dernier. Cette décision était en support aux opérations de coupage avec le blé de production locale, dont la qualité n'est pas toujours au rendez-vous. Incidences sur les produits dérivés Pour les produits dérivés, la publication de cette nouvelle circulaire devrait apporter un brin de soulagement à la filière locale de la minoterie, notamment à la branche industrielle des pâtes alimentaires et des couscous. Ces filières pèsent respectivement 541 MDH et 644 MDH (Chiffres 2009), pour quelques 16 opérateurs. Des valeurs qui pourraient se retrouver à plus si la filière parvenait à renverser la tendance : les marques étrangères s'accaparent, en effet, près de 63% du marché des pâtes alimentaires en produits conditionnés. «Les marques nationales souffrent de la concurrence déloyale des marques étrangères, qui détournent le vide juridique de la loi marocaine», nous confie cet opérateur du secteur. «Pratiquement n'importe quel produit de couscous ou de pâtes alimentaires étranger peut aujourd'hui entrer au Maroc», tance notre source. La circulaire serait-elle un premier remède au mal ?