Les contours de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) prennent forme lentement mais sûrement. Et comme l'argent est le nerf de la guerre, le financement des projets d'infrastructures, particulièrement budgétivores, a dès le départ représenté un casse-tête pour les dirigeants africains. Il fallait trouver des formules de financement viables sur lesquelles les entreprises privées peuvent compter dans le cadre de partenariats public-privé. C'est dans cet esprit que l'initiative AfroChampions vient de lancer, lundi à Accra, capitale du Ghana, un cadre de travail pour assurer le financement de la ZLECA. La réunion de lancement a réuni Mahamudu Bawumia, vice-président de la République du Ghana à des investisseurs, institutions de financement et fonds souverains et privés. Il s'agit de donner du punch au secteur privé en Afrique et ailleurs à travers un moyen de financement mixte. Objectif : accélérer la tant espérée intégration économique du continent. La rencontre d'Accra a également débouché sur une feuille de route détaillée. Celle-ci trace le cap sur les 18 prochains mois et parmi les dates clés figurent la présentation du fonds dédié prévue pour le 4e trimestre 2019 à l'occasion du prochain Boma AfroChampions, le premier rapport de suivi de la ZLECA et l'organisation d'une exposition sur le made in africa début 2020. Le nouvel instrument financier s'inspire essentiellement des propositions mises en avant au Boma AfroChampions sur le financement des infrastructures organisé en avril dernier à Nairobi. Citons parmi ces idées outre la levée des barrières non tarifaires, un chapelet de projets de base comme le transport et la connectivité, l'énergie accessible à prix concurrentiels et la montée en gamme des économies africaines vers davantage de valeur ajoutée produite sur le continent. Dans ce cadre, ce ne sont pas les opportunités qui manquent en matière de projets structurants éligibles au financement du fonds sous certaines conditions et pour entourer ces projets des garanties nécessaires à leur réussite, AfroChampions a prévu un mécanisme de suivi annuel du programme. Les réformes menées par chaque pays dans le cadre de la ZLECA y passent aussi. L'idée est d'améliorer la capacité des Etats africains à augmenter le taux de leurs échanges avec leurs voisins continentaux. En effet, les pays du continent comptent augmenter de 60% leurs échanges d'ici 2022. À 150 milliards de dollars, les échanges au sein du continent représentent aujourd'hui seulement 15% comparés à ceux réalisés avec le reste du monde mais la ZLECA, une fois sa vitesse de croisière atteinte, représentera 1,2 milliard de consommateurs et une valeur ajoutée prévisionnelle de 2.500 milliards de dollars. Le ton a été donné lors de la foire commerciale intra-africaine qui s'est tenue en fin d'année 2018 au Caire. Elle s'est soldée par la satisfaction de tous via des accords commerciaux totalisant 27 milliards de dollars qui seront injectés dans des projets structurants dans plusieurs pays africains. Selon Albert Muchanga, commissaire au commerce et à l'industrie de l'Union africaine, le cadre d'investissement et de financement de la ZLECA défini par le secteur privé constitue une approche très approfondie. Et le responsable d'étayer son propos en évoquant la surveillance de l'application juridique de l'accord ZLECA, la définition de critères de certification pour les projets éligibles au financement, la mobilisation du secteur privé en Afrique et le processus de coordination avec les autorités publiques. Dans la même veine, Ali Mufuruki, vice-président du Club AfroChampions pour la région Afrique de l'Est, a expliqué que «pour lever les réticences et les interrogations, nous devons montrer que la ZLECA est une opportunité majeure et tangible pour tous les acteurs concernés, qu'il s'agisse des Etats ou des entreprises ou des acteurs de la société civile et des citoyens africains». Pour y arriver, AfroChampions s'avère un outil efficace doté des moyens nécessaires à sa réussite et surtout l'adhésion de tous les partenaires.