Pour la première fois, des scientifiques sont parvenus à guérir des souris du virus du sida. Une piste très prometteuse, même si la perspective d'une application chez l'homme n'est pas encore en vue. Cela constitue toutefois un progrès important vers l'éradication du VIH, le virus responsable du sida. Pour la première fois, des chercheurs américains ont réussi à éliminer définitivement le virus chez des souris infectées. «Ces données apportent la preuve de concept que l'élimination de ce virus est possible», écrivent-ils en introduction de leur étude publiée début juillet dans Nature Communication. Une prouesse qui repose sur une double approche novatrice: l'utilisation du système d'édition génétique CRISPR d'une part, et le recours à une technique appelée LASER ART, qui permet de libérer les médicaments plus lentement. Chez l'homme, seuls deux cas de rémission ont été enregistrés dans le monde, dans des contextes très particuliers, non généralisables à l'ensemble des malades. «Nous pensons qu'il s'agit d'une avancée majeure car pour la première fois après 40 ans d'épidémie, nous avons la preuve que cette maladie est curable», a indiqué le Dr Kamel Khalili, coauteur de l'étude, au site d'information CNBC. À l'heure actuelle, l'arsenal thérapeutique contre le VIH repose sur les antirétroviraux, des médicaments qui, en bloquant diverses étapes du cycle de vie du virus, l'empêchent de se répliquer, évitant ainsi l'apparition de la maladie (le sida, dernier stade de l'infection par le VIH). Sauf dans de rares cas où le virus développe des résistances, ces traitements fonctionnent très bien. Au point que les personnes séropositives qui prennent correctement leur traitement ne sont plus contaminantes. En revanche, les antirétroviraux n'éradiquent pas le VIH: le virus se cache à l'état latent dans les cellules du système immunitaire. Dès lors qu'un patient cesse de prendre son traitement, le virus reprend sa besogne. Les chercheurs ont commencé par constituer quatre groupes de souris (entre 6 et 10 animaux) préalablement infectées par le VIH de type 1 (il existe plusieurs types de virus). Tous les animaux ont d'abord été «humanisés», c'est-à-dire qu'ils ont reçu une greffe de moelle osseuse humaine, siège de la fabrication des cellules du système immunitaire. L'objectif? Obtenir un modèle qui se rapproche le plus possible de l'homme. Le premier groupe n'a pas reçu de traitement du tout, le second a reçu une injection de CRISPR, le troisième a reçu uniquement les médicaments, les LASER ART. Enfin, le quatrième groupe a d'abord reçu les médicaments afin de réduire la croissance du virus, puis les chercheurs ont injecté le système CRISPR dans le but d'éliminer les résidus d'ADN viral intégré dans l'ADN des animaux.