La Cour des comptes a livré les observations qu'elle a recueillies au terme de sa mission au sein d'OCP SA. Le groupe phosphatier compte, lui, profi ter de cet audit pour améliorer la performance de ses différents chantiers. La Cour des comptes a livré les conclusions de sa mission de contrôle de la gestion effectuée au sein d'OCP SA. Cet audit a porté sur l'activité minière au niveau du site de Khouribga (comportant les mines de Merah, Sidi Chennane, Sidi Daoui et Beni Amir) et du site de Gantour (intégrant les mines de Benguérir, Bouchane et Mzinda). La mission des magistrats de la Cour des comptes s'est particulièrement intéressée à des aspects liés à la planification et la programmation des activités minières, au traitement du phosphate par le lavage et la flottation, à l'utilisation et la maintenance du matériel d'exploitation ainsi qu'aux aspects environnementaux liés à l'activité minière. Planification et programmation de l'activité minière Dans le détail, la cour a rapporté dans sa note de synthèse que la planification du développement des nouvelles mines prévu dans certains sites (de sorte à atteindre les objectifs fixés par la stratégie de développement des capacités de production minière), déployée depuis 2008, «a été marquée par certaines insuffisances relatives aux études minières». Elle estime que les études relatives aux mines en développement, réalisées entre avril 2008 et janvier 2009, devaient donner plus d'importance à l'affinement de la reconnaissance géologique des gisements. Une recommandation que le groupe minier semble déjà intégrer en misant notamment sur la transformation digitale. Selon OCP, «une planification multi-horizons des activités minières sur une plateforme unique pour l'ensemble des sites a été développée. Cette planification est déployée sur 2 sites et couvrira l'ensemble des sites miniers en 2019. Par exemple, les réserves de la mine de Benguérir sont modélisées sur 30 ans». Traitement du phosphate En matière de traitement du phosphate, la Cour a noté que la gestion des stocks, à l'entrée et à la sortie des laveries, «gagnerait à être formalisée de manière à définir, notamment, des valeurs optimales de stocks de sécurité de produits garantissant une autonomie raisonnable et assurant un rythme de marche normal de ces laveries». Et de poursuivre que «la gestion des stocks à l'état actuel fait que les laveries fonctionnent souvent en flux tendu, engendrant des risques de perturbation dans les programmes de production». Utilisation du matériel d'exploitation La Cour a aussi braqué les projecteurs sur le parc matériel du groupe public. «Sa gestion connaît des insuffisances liées essentiellement au manque de précision et de documentation des données utilisées dans le cadre des études relatives à la détermination du nombre de machines nécessaires à l'exploitation des mines», indique la Cour. Et d'ajouter: «cette gestion ne dispose pas de plan de réforme et de renouvellement du matériel à même d'optimiser son utilisation». Pour apporter des ajustements à l'utilisation du matériel et de la logistique, le groupe a déjà introduit le fleet management à travers une «supervision et optimisation du la flotte d'engins en temps réel» et l'installation d'une «tour de contrôle centralisée au ni- La Cour des comptes a livré les observations qu'elle a recueillies au terme de sa mission au sein d'OCP SA. Le groupe phosphatier compte, lui, profiter de cet audit pour améliorer la performance de ses différents chantiers. veau de chaque site», rappelle le groupe. Cet outil de monitoring permet de superviser en temps réel 320 engins mobiles connectés (camions, bulldozers, draglines, etc.). OCP utilise aussi une «gestion intégrée de la supply chain de la mine au port permettant un pilotage de bout en bout de la performance et de la qualité». Digitalisation de la maintenance S'agissant de la maintenance du matériel d'exploitation, celle-ci constitue, d'après la cour, «un des principaux leviers d'excellence opérationnelle d'OCP SA. À ce titre, elle a été placée au coeur de son système de gestion de la production». Cependant, plusieurs de ces chantiers ont accusé «des retards significatifs et ont abouti à des réalisations disparates entre les différentes entités minières». Une observation que le groupe minier reconnaît et qu'il entend améliorer à travers une «digitalisation de la maintenance complétée à 100% en 2019», ainsi que le «développement d'algorithmes de prédiction des pannes utilisant l'intelligence artificielle». Impact environnemental de l'activité minière De par sa nature, l'activité minière a différents impacts sur l'environnement, et ce à divers degrés d'importance. En réponse à ces impacts, et afin d'en atténuer l'effet, la société a lancé, en 2013, un programme d'excellence environnementale composé de trois catégories d'actions couvrant toutes les activités du groupe. «Cependant, certaines insuffisances restent à rattraper en matière d'impact sur l'environnement. En effet, en dépit de l'évolution significative enregistrée durant les dernières années, des efforts supplémentaires devraient être déployés pour le traitement des grandes superficies exploitées et non réhabilitées ». Une recommandation que le groupe ne perd pas de vue. Plusieurs projets sont déjà lancés à ce titre, dont notamment la réhabilitation et la plantation de 1.000 ha/an (oliviers, arganiers, caroubiers…) en plus des essais industriels de filtration des boues de lavage. Objectif: éliminer définitivement les digues d'épandage dès cette année. Ceci permettra de réduire la consommation d'eau à la mine de près de 20%. Ce projet a d'ailleurs démarré en 2019.