Le tout nouveau ministre de la Justice et des libertés, Mustapha Ramid, présidera, ce mardi à Rabat, la rentrée judicaire pour la nouvelle année. C'est la Cour de cassation qui inaugurera le bal pour cette édition qui s'annonce plus qu'une traditionnelle cérémonie juridique. C'est, en effet, la première rentrée judiciaire depuis l'adoption de la nouvelle Constitution et la formation du nouveau gouvernement nommé au lendemain des élections du 25 novembre et qui attend son investiture. Une occasion pour le ministre, Mustapha Ramid, de décliner les grandes orientations de la stratégie qu'il entend initier pour, enfin, pouvoir mener à terme le vaste et ambitieux chantier de la réforme de la justice. Le ministre aura, d'ailleurs, à prendre connaissance des différentes activités juridiques, culturelles et administratives de l'institution durant l'année judiciaire écoulée, à travers un exposé qui sera fait par le Premier président de la Cour. L'occasion, également, de passer en revue les efforts déployés en vue «de la consolidation des mécanismes de bonne gouvernance et la réalisation de la sécurité judiciaire», en plus de l'évaluation objective du «niveau d'efficacité et de rentabilité des services juridiques pour parvenir à asseoir une cour de cassation au service du citoyen et à la hauteur de ses attentes», précise un communiqué de l'institution judicaire. Grande plaidoirie Si ce n'est pas la première fois qu'un professionnel du secteur est nommé à la tête de ce département sensible, l'arrivée de Ramid est très attendue par l'opinion publique. Outre sa personnalité très connue des tribunaux marocains, les nouvelles dispositions de la constitution ont considérablement renforcé les attributions du système judiciaire. L'un des grands chantiers, où Ramid est attendu, sera la consécration effective du pouvoir judiciaire en tant qu'«autorité indépendante au service du citoyen marocain». Un objectif assez large qui couvre plusieurs aspects, notamment celui du dispositif législatif et du renforcement de la transparence et de l'intégrité dans le système judiciaire, qui traîne une mauvaise image auprès des citoyens. À ce niveau, d'ailleurs, les associations de défense des droits de l'Homme attendent des signaux forts pour une réforme profonde, seule alternative pour jauger de l'efficacité des actions menées sur le terrain. C'est dans ce sens que l'Organisation marocaine des droits de l'homme (OMDH) est remontée au créneau pour revendiquer une refonte totale de la procédure pénale. Un autre aspect sur lequel Ramid sera attendu au tournant, concerne les relations avec les magistrats et le personnel du département de la justice. Pour les premiers, la nouvelle institution qui remplace le Conseil de la magistrature a vu ses compétences élargies et sa composition revue pour garantir son indépendance. S'agissant des fonctionnaires des juridictions, le grand chantier sera de ramener la sérénité dans le secteur. On se rappelle des incessants mouvements de débrayages engagés par plusieurs syndicats du secteur, l'année dernière, qui ont sérieusement perturbé le fonctionnement régulier des tribunaux du Maroc. Enfin, autre priorité et pas des moindres, le toilettage des textes relatifs aux droits humains et libertés publiques, un domaine où le gouvernement Benkirane est très attendu et qu'il appartiendra à Mustapha Ramid de mener à bon port en veillant à rassurer les citoyens, ce qui exige une concertation avec tous les acteurs institutionnels mais également de la société civile. Le défi de la réforme de la justice au Maroc, qui reste l'un des grands chantiers qui peinent à trouver ses marques, constituera, à n'en point douter, un enjeu de grande importance pour la concrétisation des promesses électorales faites par le PJD aux marocains. Et sur ce point, le parti de la lampe n'aura pas droit à l'erreur puisqu'il dispose, désormais, des garanties et mécanismes constitutionnels nécessaires à une application effective des droits, des devoirs et des libertés dans le cadre du respect des principes d'égalité, d'équité et de responsabilité, critères qui constituent les fondements d'un Etat de droit. En tout cas, Ramid est prévenu et sait d'avance à quoi s'attendre, lui qui a annoncé au lendemain de sa nomination, «engager sa plus grande plaidoirie».