Le pape et le grand imam d'Al-Azhar ont condamné ensemble lundi toute discrimination contre les minorités religieuses et appelé à la fraternité. Premier chef de l'Eglise catholique à fouler le sol de cette région, le pape argentin a prononcé son seul discours du jour devant un parterre international de dignitaires religieux chrétiens, musulmans et juifs, réunis à Abou Dhabi dans la capitale des Emirats arabes unis. Toute la journée, le pape François, vêtu de blanc, et le grand imam sunnite de l'institut égyptien Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb, en noir, se sont montrés ensemble fraternellement, côte à côte devant la grande Mosquée Zayed, puis s'embrassant sur la même tribune de la conférence interreligieuse, bombardée par une pluie de feuilles d'olivier. Les deux leaders religieux ont surtout co-signé en début de soirée un "document sur la fraternité humaine", appelant en particulier à la liberté de croyance et d'expression, à la protection des lieux de culte et prônant audacieusement une pleine citoyenneté pour les "minorités" discriminées. Leur appel commun valorisant "la culture de la tolérance" et une "enrichissante" relation entre Occident et Orient, ne va toutefois pas jusqu'à admettre le droit à ne pas adhérer à une religion, dressant même un surprenant parallèle entre "l'extrémisme athée et agnostique" et "l'intégrisme religieux". Ce document "courageux" constitue une "étape de la plus grande importance dans le dialogue entre chrétiens et musulmans, un signe puissant de paix", a estimé le porte-parole du Saint-Siège, Alessandro Gisotti.