Des personnalités françaises, dont l'actrice Juliette Binoche et l'économiste Thomas Piketty, ont signé une tribune contre l'augmentation des frais universitaires pour les non-Européens, refusant "un mur de l'argent" qui menace "les étudiants les moins fortunés". "C'est un mur de l'argent que le gouvernement est en train de construire contre les étudiants étrangers", déplorent les signataires de cette tribune publiée dimanche dans le JDD. Le gouvernement a annoncé en novembre qu'il allait très fortement augmenter les frais d'inscription pour les étudiants hors-UE, qui passeront de 170 à 2.770 euros en licence, et de 243 à 3.770 euros en master à la rentrée 2019, soit "un tiers du coût réel" de leur scolarité pour les finances publiques, selon les autorités. Cette augmentation "menace d'abord les étudiants les moins fortunés", car "la plupart d'entre eux ne peuvent absolument pas se permettre de payer ces droits", critiquent les signataires, parmi lesquels se trouvent également l'actrice Isabelle Adjani, le réalisateur Cédric Klapisch, l'écrivain Laurent Binet et l'ex-footballeur Lilian Thuram. "C'est donc tout simplement à leur rêve d'étudier en France que cette mesure met fin", selon les signataires de la tribune, qui résument ainsi la stratégie du gouvernement: "Etudiants pauvres, dehors". Ils demandent "le retrait de cette mesure et l'ouverture d'un débat national sur le financement des universités" et appellent à ne pas "se mettre à la remorque des modèles anglo-saxons d'université payante". "Si la France est le quatrième pays d'accueil des étudiants internationaux, c'est précisément parce qu'elle est le champion mondial d'un autre modèle, dont nous pouvons être fiers : celui d'un pays qui considère que le savoir n'est pas un service comme un autre", estiment-ils. La France est le premier pays d'accueil non-anglophone et la quatrième destination mondiale pour les étudiants internationaux, après avoir perdu sa troisième place ces dernières années au profit de l'Australie. Elle ambitionne de porter, d'ici 2027, à 500.000 le nombre d'étudiants étrangers qu'elle accueille chaque année, contre un peu plus de 300.000 actuellement, selon le gouvernement. Malgré une remontée depuis 2016, le nombre d'étudiants étrangers a baissé de 8% entre 2010 et 2015. "Refusons ce nouvel obstacle à la justice sociale. Ne laissons pas le mur de l'argent monter toujours plus haut", concluent les signataires de la tribune.