Pour protester contre la hausse des frais d'inscription pour les non-Européens, des étudiants de Paris-Nanterre ont voté ce lundi en assemblée générale le blocage de leur université jusqu'à jeudi prochain. Les étudiants ont aussi demandé le report des partiels du premier semestre. Une centaine d'étudiants avaient bloqué la plupart des bâtiments du campus à l'aide de barrières, de chaises et de tables mais aussi de cadenas pour verrouiller les portes dès 6h00 du matin. De nombreux gardiens d'une société privée étaient également présents sur le campus, notamment pour surveiller le bâtiment administratif de la présidence, seul encore ouvert avec la bibliothèque universitaire. Les étudiants ont organisé l'assemblée générale organisée à 10h00, et elle a réuni entre 1.500 et 2.000 personnes dans un amphithéâtre entièrement plein. L'assemblée a donné la parole à plusieurs étudiants étrangers non communautaires, qui se sont indignés de cette réforme qui va les contraindre à payer 2.770 euros en licence et 3.770 euros en master et doctorat, à partir de la rentrée 2019. Jusqu'à cette année, ils devaient s'acquitter de 170 euros pour une année de formation en licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat, comme les étudiants issus de l'Union européenne. "Je ne perçois aucune bourse, je n'ai pas de logement étudiant, (...) on ne peut pas travailler parce qu'on n'a pas de permis de travail et je viens d'apprendre que l'année prochaine je vais payer 3.770 euros", s'est indignée Sarah, étudiante algérienne. Selon le gouvernement français, cette hausse des frais d'inscription pour les étudiants non communautaires permettra en particulier d'augmenter le nombre des bourses et des exonérations des droits d'inscription. "L'idée que j'ai de la France c'est pas ça", a dit Ahmed, étudiant marocain, à la tribune de l'assemblée générale. "Il y a quelques semaines, ma famille au Maroc m'a appelé pour me demander si mes nièces pouvaient venir étudier, je leur dis quoi?", a-t-il interpelé, appelant à la nomination de porte-parole pour négocier avec le gouvernement. Selon Barthélémy Piron, étudiant en histoire et syndiqué à l'Unef cette mesure est "non seulement anti étrangers mais aussi anti pauvres", craignant à terme "la hausse des frais d'inscription pour tous". Beaucoup d'étudiants favorables au mouvement ont également fait référence aux lycéens et aux "gilets jaunes" et appelé à rejoindre leur lutte. L'assemblée a aussi donné la parole à quelques étudiants opposés au blocage ont pris la parole comme Sacha, pour qui "si on prend l'exemple de l'Ecosse, on est à 18.500 euros" de frais d'inscription à l'université, "on en est loin", a-t-il insisté. La plupart des antiblocage ont appelé à l'organisation d'un scrutin électronique, dénonçant un mode d'action nuisible aux étudiants en pleine période de partiels, ce qui a été rejeté par un vote de l'assemblée générale. Cette dernière a ensuite voté à une immense majorité le blocage de la faculté alors que les anti-blocage avaient pour la plupart quitté la salle après le refus du scrutin électronique. Une série d'autres actions ont été votées comme l'organisation d'un sit-in devant le ministère de l'Education nationale dans la position des lycéens de Mantes-la-Jolie ou encore le blocage de l'autoroute A86 qui passe non loin du campus.