Arrivé ce jeudi à Rabat, le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, va poursuivre sa convalescence en milieu hospitalier, après plus d'un mois passé dans un hôpital de Ryad pour une pathologie qui reste officiellement inconnue. D'autant plus que la communication officielle est restée, pour le moins, parcimonieuse à Libreville, avec seulement deux interventions du porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni, en plus d'un mois. La première, le 28 octobre pour annoncer son hospitalisation en Arabie saoudite, à la suite d'un "malaise" provoqué par "une fatigue sévère", due à une "très forte activité" récente. La seconde, le 11 novembre pour préciser qu'il était "dans une phase de recouvrement de la plénitude de ses facultés physiques", après "un saignement justifiant une prise en charge médico-chirurgicale en secteur hautement spécialisé". Une manière implicite de dire que son état était sérieux. Mais à aucun moment la présidence n'a révélé quel était le mal dont souffrait le chef de l'Etat. Seules des sources non officielles ont évoqué un accident vasculaire cérébral (AVC). Et ce ne sont ni la présidence ni le gouvernement qui ont annoncé mercredi son départ de Ryad pour Rabat, mais Sylvia Bongo Ondimba, son épouse, sur sa page Facebook. Le gouvernement n'a fait que confirmer ce transfert plusieurs heures après. Cette opacité de la communication de l'état de santé du numéro un gabonais a été dénoncée par les syndicats : Ils ont appelé à une grève générale du 10 au 12 décembre. La coalition de syndicats du Gabon, Dynamique unitaire (DU), a estimé que cette absence "d'interlocuteur" empêchait de résoudre "les problèmes" liés aux "mesures d'austérité" prises ces derniers mois par le gouvernement. DU entend également dénoncer par "une grande marche noire pacifique", prévue le 18 décembre, la "modification illégale de la Constitution" pour pallier l'absence du chef de l'Etat, malade et hors du Gabon depuis le 24 octobre. La Cour a ajouté mi-novembre un alinéa à la loi fondamentale qui, selon elle, ne prévoyait pas "l'indisponibilité temporaire" du chef de l'Etat. La Cour a autorisé le vice-président, Pierre-Claver Maganga Moussavou, à convoquer et présider un Conseil des ministres. Avant d'être modifiée par la Cour, la Constitution gabonaise stipulait que seul le président pouvait autoriser son vice-président à organiser un Conseil des ministres. Les syndicats ont critiqué cette décision et ils demandent "la démission" de la présidente de la Cour, Marie-Madeleine Mborantsuo, pilier du régime Bongo, en poste depuis 1991. De récents appels de l'opposition, de syndicats et de la société civile à manifester contre "la modification illégale de la Constitution", ont échoué, seules quelques dizaines de personnes y ayant répondu.