La stratégie énergétique du Maroc est-elle sur la bonne voie ? Une question on ne peut plus légitime pour le royaume dont les engagements sont très ambitieux en dépit de sa forte dépendance énergétique. Nombreuses sont les contraintes et les défis à relever. «Nous n'avons n'a pas droit à l'erreur». Aziz Rabbah, ministre de l'Energie, des mines et du développement durable souligne l'impératif d'approvisionner en permanence le pays en énergie car le citoyen devient de plus en plus exigeant et l'économie risque d'être impactée par une rupture énergétique aussi infime soit-elle. Les défis sont de taille non seulement sur le plan technique mais aussi aux niveaux économique, social et politique, indique-t-il lors de la première édition du Global Energy Day, une conférence organisée, jeudi à Rabat, par la Fondation Konrad Adenauer Stiftung (KAS-Maroc) et l'Association Moroccan Millenium Leaders qui vise la mise en place d'un pacte citoyen énergétique qui offrirait une énergie accessible et durable à tous. En tant que pays qui aspire à l'émergence économique, le Maroc est appelé à «ne pas rater la révolution énergétique» qui offre des opportunités considérables de développement aux pays africains». Certes le Maroc ne pourra pas mettre fin à sa dépendance énergétique mais il peut la minimiser considérablement. Rabbah en est fermement convaincu car les objectifs sont bien fixés et tous les éléments sont réunis pour les mettre en œuvre. La déclinaison de la démarche en orientations régionales s'impose pour réussir le pari et répondre aux nouvelles attentes. La stratégie ne doit pas restée figée, elle doit s'adapter en permanence aux nouveaux besoins et à l'évolution du contexte national et international pour pouvoir suivre le développement rapide du secteur de l'énergie. C'est d'ailleurs dans ce cadre-là que s'inscrit le lancement de l'Observatoire national de l'énergie ; un outil d'observation permanent visant la facilitation de l'accès aux informations du secteur de l'énergie qui permettra d'accompagner les pouvoirs publics dans la prise de décisions en matière de politiques nationales. Le développement du partenariat est un élément clé. Les objectifs escomptés pour le renforcement de la coopération ne peuvent être atteints sans la réforme du système réglementaire dont l'amendement de la loi 13-09 sur les énergies renouvelables qui est pointée du doigt par le secteur privé. À cela s'ajoute la nécessité de la réforme du champ institutionnel caractérisé par une multiplicité des intervenants pour être en phase avec nos principaux partenaires, notamment l'Union européenne. L'enjeu environnemental n'est pas en reste. Le Maroc a besoin de revoir son système d'exploitation et de consommation. La feuille de route ayant trait à l'énergie verte a été tracée dans le cadre de la stratégie de développement durable. La responsabilité n'incombe pas uniquement aux décideurs mais aussi aux citoyens qui sont appelés à changer leur mode de consommation. Ainsi, la sensibilisation est nécessaire pour assurer l'efficacité énergétique souhaitée par les pouvoirs publics. Le défi est de passer à une économie d'énergie de 12% à 15% à l'horizon 2020 et de 20% à l'horizon 2030, ce qui permettra de réduire la facture énergétique de dizaines de milliards de dirhams. Il s'agit d'un créneau très important qui permettra de faire des économies, selon la directrice générale de l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) et de limiter les pertes dans le système de production et de consommation tant industriel que domestique. L'efficacité énergétique est érigée en priorité dans la stratégie énergétique qui, rappelons-le, a été lancée par le Maroc lorsque Amina Benkhadra était aux commandes du département ministériel de tutelle. Neuf ans après sa mise en œuvre, l'ancienne ministre estime que cette stratégie se conforme aux orientations mondiales et est exécutée dans de bonnes conditions. L'Afrique, le continent le moins électrifié L'Afrique dont les besoins annuels en infrastructures s'élèvent à 110 milliards de dollars connaît une grande croissance depuis les années 2000. Aussi, le continent est-il appelé à développer la production énergétique pour répondre à ses besoins croissants. L'accès à l'énergie demeure un défi de taille pour plusieurs pays africains. L'Afrique est le continent le moins électrifié dans le monde malgré l'abondance de ses ressources qui restent sous-exploitées. Plus de 600 millions d'Africains n'ont pas accès à l'énergie ou utilisent des ressources très polluantes. «Par des choix appropriés des gouvernements, l'Afrique peut s'inscrire dans une dynamique positive et plus inclusive», selon Amina Benkhadra, directrice générale de l'ONHYM mais il faut des conditions préalables pour relever ce défi : avoir des objectifs stratégiques ambitieux, augmenter la capacité énergétique, adopter des politiques de réduction des subventions aux énergies fossiles, renforcer la gouvernance dans le secteur, adopter des politiques nationales claires, renforcer la coopération internationale (Sud/Sud et Nord/Sud) et le transfert des technologies, développer les grands projets d'infrastructures transfrontaliers, encourager l'investissement privé…