Durant deux jours, des experts en matière énergétique et des hommes politiques ont débattu des technologies des énergies renouvelables et nucléaires en examinant leur impact sur le développement dans les pays du Sud. L'avenir énergétique du monde ne peut se concevoir sans les énergies renouvelables. La production de ces énergies constitue non seulement l'une des principales armes dans la lutte contre le changement climatique mais elle contribue également à une réduction de la dépendance à l'égard d'importations coûteuses de pétrole et de gaz. Cela dit, le développement des énergies renouvelables reste tributaire du renforcement de la coopération Nord-Sud, comme l'a souligné Mohammed Benaïssa, secrétaire général de la Fondation du Forum d'Assilah, qui présidait la séance inaugurale du colloque sur «Les technologies des énergies renouvelables et nucléaires et leur impact sur le développement dans les pays du Sud» qui s'est tenu les 8 et 9 juillet à Assilah. «Un partenariat Nord-Sud est inéluctable. Les pays du Nord disposent de l'expertise et des technologies et les pays du Sud ont un potentiel important d'énergie renouvelable. Les décideurs politiques doivent ainsi saisir l'occasion d'instaurer un grand chantier de partenariat dans le domaine des énergies renouvelables», a indiqué M. Benaïssa tout en relevant l'importance de réduire les dangers liés au nucléaire en développant une politique d'énergie durable. Initié par la Fondation du Forum d'Assilah en collaboration avec l'Institut Masdar de sciences et de technologie, ce colloque a réuni des experts en matière énergétique et des hommes politiques. Cette manifestation a constitué un lieu de réflexion et d'échanges sur plusieurs questions portant notamment sur «La collaboration Nord-Sud et l'échange des connaissances sur les technologies énergétiques», «Le financement des initiatives de nouvelles énergies et les challenges vers l'investissement en énergies renouvelables» et «L'évaluation des opportunités et menaces dans la poursuite de l'énergie nucléaire dans les pays en développement au lendemain de la catastrophe de Fukushima». Lors de cette rencontre, la ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, Amina Benkhadra, a déclaré que «le défi planétaire à relever est de concilier croissance et préservation de l'environnement». Un défi difficile à surmonter sachant que les besoins énergétiques vont continuer à augmenter durant les prochaines années. «Ceux-ci devraient augmenter de 40% d'ici 2030 et 90% de cette augmentation provient des pays tels que la Chine et l'Inde», a précisé Mme Benkhadra tout en faisant remarquer que «l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que les besoins d'investissement dans le secteur énergétique d'ici 2030 s'élèvent à 26.000 milliards de dollars, soit un peu près de 1000 milliards de dollars par an». Selon la ministre, les profondes mutations du secteur énergétique au niveau planétaire tendront à transformer l'ordre productif actuel pour assurer un développement durable alliant croissance économique responsable, équité sociale, solidarité régionale et lutte contre le changement climatique. Mme Benkhadra a relevé que «les énergies renouvelables vont progressivement prendre la place des énergies fossiles. Elles permettront à la fois de sécuriser l'approvisionnement de la planète en énergie et de préserver l'environnement en limitant les émissions de gaz à effet de serre». Toutefois, la ministre a souligné que l'énergie fossile sera encore dominante durant les 30 prochaines années. Lors de ce colloque, Mme Benkhadra n'a pas manqué de rappeler que le Maroc accorde un intérêt majeur au développement des énergies renouvelables dans le cadre de la stratégie énergétique nationale qui a pour ambition majeure d'économiser de 12% en 2020 et 15% en 2030 la consommation d'énergie. A noter que dès 2012, les énergies propres constitueront 20% de la production électrique et 10% de la production énergétique nationale. Les énergies renouvelables devraient contribuer à 42 % de la puissance électrique installée en 2020. De son côté, Miguel Angel Moratinos, ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, a appelé à une démocratisation de l'énergie. «L'énergie doit être accessible à chaque citoyen dans le monde», a-t-il indiqué. M. Moratinos a relevé l'importance de garantir un équilibre en matière d'accès aux sources énergétiques entre les Etats, invitant les pays du Nord à redoubler leurs efforts en faveur des pays du Sud dans le domaine de développement des ressources énergétiques. «Ne faut-il pas renoncer à une économie basée sur les hydrocarbures et plutôt privilégier les énergies propres», s'est-il interrogé. Le président du directoire de l'Agence marocaine de l'énergie solaire, Mustapha Bakkoury, a relevé que «le modèle économique actuel a atteint ses limites. Et la véritable solution est d'en sortir. Pour cela, il faut trouver la voie pour aller vers un avenir qui soit meilleur». M. Bakkouri a insisté sur la nécessité d'apporter un soutien aux pays du Sud qui sont confrontés aux problèmes d'accès aux énergies sachant que le taux d'électrification en Afrique n'est que de 25%. Ce dernier a également appelé à la promotion de la recherche scientifique et de la coopération dans le domaine des énergies renouvelables. Par ailleurs, le président du programme de l'énergie nucléaire à l'Institut koweitien de la recherche, Ahmed Beshara, a fait savoir que des efforts importants sont déployés au Koweit pour produire de l'énergie nucléaire et répondre aux besoins de la population. Le Koweït a ainsi l'intention de lancer son propre programme nucléaire d'ici à 2021et souhaite utiliser de l'électricité nucléaire pour la production d'eau potable et le dessalement de l'eau de mer. M. Beshara a précisé que le monde ne peut pas vivre uniquement à partir des énergies renouvelables et que l'énergie nucléaire continuera à occuper une place importante.