Le brillant Luca Guadagnino revient, après «Call me by your name» et «The Bigger Splash», avec l'adaptation de «Suspiria». Ce dernier est loin de faire l'unanimité malgré la longue standing ovation, mêlée de huées, qu'a reçue le film lors de la première projection à Venise. Coulisses... Tilda Swinton prévient : «Si quelqu'un ne se sent pas bien après avoir vu ce film, qu'il n'hésite pas à entamer une thérapie». Et l'actrice fétiche du réalisateur italien n'a pas tort. «Suspiria» dérange profondément tout en étant absolument génial. Inspiré du film culte du maître du genre Dario Argento, le film est un hommage aux héroïnes sanglantes du cinéma, sorcières et danses macabres à l'appui. «J'adore Dario, je ne serais pas ici sans lui. Je suis devenu obsédé par les maîtres de la réalisation, et Dario en est un», explique le Luca Guadagnino. C'est l'histoire d'une jeune danseuse douée, Susie Benner, campée par Dakota Johnson, qui intègre une prestigieuse académie de danse dirigée par l'envoûtante Madame Blanc, interprétée par l'iconique Tilda Swinton. C'est alors qu'une élève de l'école disparaît, disparition qui va lever le voile sur les mystérieux secrets que cache cette académie. «Historiquement, la sorcellerie revient à rendre le pouvoir aux femmes, le pouvoir de la femme en tant que déesse, et cela a été perverti par l'histoire officielle et les religions qui l'ont «transformée» en pacte avec le diable», confie Luca Guadagnino en conférence de presse. Un aubaine pour ses actrices qui ont adoré travailler avec lui. L'actrice Tilda Swinton salue le génie du réalisateur qu'elle connaît depuis plus de 20 ans. Dakota Johnson, quant à elle, a tout de suite été séduite par son personnage : «Le film parle de choses que j'aime beaucoup: les danseurs, les sorcières... J'ai grandi en étant fascinée par ces groupes de femmes en imaginant combien elles étaient mystérieuses et magiques», confie l'actrice en conférence de presse. Le réalisateur s'entoure des plus grands puisqu'il a travaillé avec le chorégraphe français Damien Jalet, mais aussi avec le leader de Radiohead, Thom York, pour la musique. Une première pour le leader d'un des groupes les plus marquants du siècle. «Lorsque Luca m'a proposé le projet, j'ai tout de suite pensé qu'il était fou. Me confier cela alors que je ne l'avais jamais fait !», avoue humblement le génie de la musique. Le hétiquement dangereuse du cinéaste. «Le nouveau Suspiria est fade, macabre, ennuyant et complètement idiot. Il n'y a rien de poétique ou d'érotique là-dedans. Ce n'est pas de la faute des comédiens... Ce sont les propres ambitions de Luca Guadagnino qui le font trébucher. Il a rendu l'histoire incroyablement compliquée. Même si Suspiria possède quelques moments sinistres, il ne fait jamais peur», a affirmé le Time. Quand à The Guardian, il n'y va pas de main morte: «Mais c'est un film qui manque de passion. L'étincelle purement diabolique d'Argento a disparu, tout comme l'aspect «comédie noire» et, au final, on se retrouve avec un film qui se situe dans la moyenne haute, agrémenté de nouvelles couches d'histoires indigestes». En attendant, le réalisateur controversé est en lice pour le Lion d'Or et compte bien rafler un des prix. «Je ne suis pas en psychothérapie et j'espère ne jamais l'être. Je suis une personne très «pauvre» (intérieurement) et parfois, lorsque je participe à un projet, je m'imprègne des sentiments des autres», a expliqué Dakota Johnson. «Cette expérience n'a pas du tout été dramatique; au contraire, elle a été la plus exaltante, le plus joyeuse possible». Effrayant, sanglant, certes, mais tellement bien exécuté...