Après la sortie de récession en 2017, la timide reprise devrait se confirmer en 2018, soutenue essentiellement par le secteur pétrolier. L'économie nigériane reprend des couleurs mais assez timidement. En 2018, la croissance est projetée à 2%, soit un peu plus que le 0,8% enregistré en 2017 et bien mieux que le -1,6% de 2016, année d'une récession spectaculaire pour ce pays qui a en un temps record accédé au rang de première puissance économique, en plus de son indétrônable place de première puissance démographique avec ses 190 millions d'habitants. En effet, après avoir été affecté par le sabotage des infrastructures pétrolières et la chute des cours du baril, le secteur pétrolier devrait poursuivre la reprise entamée en 2017. La plus grande fermeté des cours porterait les revenus d'exportation, si la production est épargnée par de nouvelles perturbations. Toutefois, les sabotages opérés par les rebelles dans le delta du Niger ont érodé la confiance des investisseurs. Plus globalement, le climat d'insécurité, l'incertitude politique, la complexité du système de change et le maintien des taux d'intérêt élevés (14% depuis juillet 2016) pèseront sur l'investissement privé. Inflation élevée La contribution de l'investissement public à la croissance sera encore entravée, car, avec près de 60% des recettes de l'Etat absorbées par le service de la dette, la mise en œuvre de l'ambitieux programme d'infrastructures du plan de développement (ERGP 2017-2020) restera contrainte. La reprise du secteur de la construction sera donc, au mieux, lente. L'approvisionnement erratique en électricité demeure un obstacle à la croissance des industries manufacturières. La pluviosité, attendue plus tardivement en 2018, pourrait peser sur les rendements agricoles. En conséquence, la consommation de ménages dépendants de ce secteur d'activité, déjà entravée par l'inflation élevée, la pauvreté et le chômage, ne connaîtra qu'une expansion modérée, qui pourrait, néanmoins, à la faveur d'un effet de base favorable, soutenir les services. L'inflation, si elle devrait poursuivre sa baisse, resterait élevée à cause des prix de l'alimentation. Pressions budgétaires Le projet de budget 2018 prévoit une augmentation de 16% des dépenses, orientées vers les investissements dans les infrastructures. Si la stabilisation du niveau de production se confirme, ce sont essentiellement les recettes pétrolières qui devraient permettre de réduire le déficit budgétaire grâce à une plus grande fermeté des cours de l'or noir. Toutefois, les projections de revenus non-pétroliers apparaissent, comme en 2017, très ambitieuses, compte tenu de la faible activité économique. Ainsi, la mise en œuvre des projets pourrait être ralentie par le déficit de recettes. La vente de certains actifs de l'Etat pourrait permettre de remédier à des soucis de financement, surtout que le service de la dette domestique a rapidement augmenté. Le gouvernement entend donc s'appuyer davantage sur l'emprunt extérieur concessionnel pour financer son déficit en 2018. Les pressions sur le financement du déficit ont conduit à une détérioration du profil de la dette, qui demeure néanmoins soutenable. Fiche pays Nigeria Taille 190 millions de consommateurs Monnaie Naira PIB/Hbt 2.208 dollars Croissance 2% (2018p.) Région économique CEDEAO Note Coface D Doing business 2015 145e/189 Tensions politiques et sécuritaires croissantes Le capital politique de Muhammadu Buhari et de son parti, le «All Progressives Congress» (APC), au pouvoir depuis les élections de 2015, s'érode peu à peu. En effet, alors que l'environnement économique demeure difficile, la lenteur des réformes est reprochée par une population excédée par l'imperceptibilité des progrès des conditions de vie. La présidentielle de 2019 s'annonce très serrée entre le président sortant et les candidats de l'opposition. 50 ans après la déclaration unilatérale de l'indépendance du Biafra, qui avait déclenché une violente guerre civile (1967-1970), les tensions refont surface au sud-est du pays. De plus, les militants dans le delta du Niger, responsables des attaques des infrastructures pétrolières depuis 2016, afin de réclamer un meilleur partage des ressources du pays, ont déclaré la fin d'un cessez-le-feu en novembre 2017. Ils menacent de nouveau la production pétrolière, mais également la stabilité politique et sécuritaire. L'activité de Boko Haram constitue toujours une menace importante, comme en témoignent les nombreuses attaques perpétrées au nord-est du pays en 2017.