Entre grèves, retard de paiement et re-grèves, l'expérience marocaine de la gestion déléguée souffre encore de nombreux maux. Et pour preuve, la toute récente déconvenue infligée par la Communauté urbaine de Tétouan à la société Tecmed Maroc. La semaine dernière, la sortie médiatique de Mohamed Idaomar, président de la commune, venait semer le doute quant à l'avenir de la société à Tétouan. Ainsi a-t-il annoncé qu'il voulait «mettre en œuvre les dispositions du cahier des charges, en imposant une délégation provisoire». Au final, la commune a décidé le 20 décembre dernier d'user de son droit de «mise en régie» qui donne, pour une période provisoire –en l'occurrence un mois– les commandes des services de collecte et de traitement des déchets à la ville de Tétouan tout en utilisant les ressources humaines et matérielles de Tecmed Maroc. Dans la toute jeune histoire de la gestion déléguée du Maroc, il s'agit d'une première. «Nous ne mettons pas en cause la décision de la commune bien qu'elle ait été prise dans de mauvaises conditions. Nous trouvons que cette solution est inadaptée», se défend pour sa part Tecmed. D'un camp à l'autre Implantée dans 16 villes du Maroc, Tecmed Maroc, filiale du groupe espagnol Urbaser, gère depuis 2007 la collecte et le traitement des déchets ménagers de la ville nordiste. La semaine dernière, les choses se sont compliquées entre la ville et son délégataire. À l'origine du conflit, la longue grève que mènent une partie des salariés de Tecmed depuis plusieurs jours et qui nuit au fonctionnement régulier du service. Ces derniers réclament des augmentations de salaires et le versement d'indemnités. Depuis plusieurs mois, déjà, la société doit faire face à la multiplication de mouvements syndicaux, orchestrés par le syndicat UMT. La même situation affectait, par ailleurs, à Martil, l'organisation du travail et la propreté des lieux publics de la ville. Une sortie de crise a finalement été trouvée le 22 décembre, au soir, puisqu'un accord a été entériné par les différentes parties du conflit, à savoir, Tecmed, la commune de Martil et le syndicat en question. Alors d'où vient le blocage à Tétouan ? Du côté de Tecmed, on affirme qu'un pacte pour la «paix sociale» avait été conclu en novembre 2010 avec les syndicats, la commune et la société. En février 2011, l'accord était rompu par la reprise des grèves. Malgré la mise en place d'un comité de conciliation, auquel siégeaient des membres de la société civile, les troubles ont persisté. «Tecmed Maroc, déficitaire, ne peut à elle-seule assumer l'ensemble des mesures financières prises pour satisfaire les salariés grévistes», précise H. Benjelloun. «Le versement des primes de transport pour l'ensemble des salariés était à la charge de la commune qui ne s'en est toujours pas acquittée», est-il ajouté. La commune aurait également fait parvenir à Tecmed Maroc une reconnaissance de dette, pour les 23 MDH d'arriérés non régularisés, qu'elle souhaiterait échelonner sur plusieurs mois. Tout le monde se rappelle, bien sûr, des déboires de Veolia Transport, dont le consortium Stareo formé avec les sociétés Bouzid et Hakam à Rabat pour assurer la gestion du transport public par autobus, n'aura pas duré deux ans. La gestion déléguée, version Maroc, entrée en vigueur en 2006 par la loi n°54-05, se cherche donc toujours.