L'Association régionale des agences de voyages de Casablanca-Settat (ARAVCS) se réjouit des résultats de son baromètre de conjoncture de la profession au titre du premier semestre 2018. Fruit de la contribution d'une vingtaine d'agences basées dans la région Casablanca-Settat, cette étude servira à mesurer l'évolution de l'activité touristique pour atteindre les objectifs assignés. Détails. L'ARAVCS est satisfaite des résultats émanant du baromètre de conjoncture 2018 qui dresse un état des lieux de l'activité toujours dans la région Casablanca-Settat au premier semestre 2018. N'étant qu'une «estimation» des grandes offres de tendances et des vacances 2018, cette étude dresse tout de même des chiffres satisfaisants. 70% de l'échantillon auquel a été soumis le questionnaire de l'enquête affirme l'existence d'une concurrence dure tandis que 30% la voit moyenne. Pour le président de l'ARAVCS, Othman Cherif Alami, cette concurrence dure trouve raison dans la force des plateformes étrangères qui «au lieu de promouvoir le Maroc auprès de la clientèle européenne (800 millions de consommateurs), ont attaqué la clientèle marocaine avec une stratégie lourde qui nous a mis en péril». « Quand une plateforme sort ses prix en dirhams, je crois que c'est pour les Marocains. Quand une plateforme accepte n'importe quelle carte de crédit comme garantie, je pense que c'est pour faciliter la commercialisation. Quand une plateforme a plus de 2500 ingénieurs dont au moins une cinquantaine destinée rien qu'à des pays comme le Maroc et ceux de l'Afrique, on ne peut que s'attendre à une concurrence dure». Dans ce sens, Cherif Alami déplore criardement l'absence de réponse de la part des ministères du Tourisme et de la Justice, aux plaintes et écrits déposés au tribunal en vue d'une solution. «Nous avons estimé à plus de 350 millions de dirhams chaque année le volume d'affaires qui nous a échappé. C'est quand même grave !», peste le président. Toutefois, cette concurrence n'a pas déstabilisé l'évolution de leurs chiffres d'affaires durant les trois dernières années (2016-2017-2018). Ainsi, 60% des agences de voyages questionnés avouent la croissance de leurs chiffres affaires, tandis que 30% d'entre elles le jugent stable et seulement 10% des agences le voient en régression. Quant aux prévisions d'évolution de leurs chiffres d'affaires durant les trois prochaines années, l'optimisme est le maitre-mot : 50% des agences qui ont joué le jeu prévoient une croissance, 37% estiment une stabilité et 13% une diminution. En comparaison avec le 1er semestre 2017, les résultats sont aussi satisfaisants puisque 37% des répondants affirment avoir enregistré une augmentation au niveau du CA, 44% déclarent une baisse et 18% parlent de stagnation. Les prévisions d'évolution pour au titre du second semestre 2018 ont par ailleurs été très gourmandes puisque l'ensemble des agences de l'échantillon ont estimé une évolution de 100%. 4 segments phares du tourisme marocain La profession des agences de voyage de Casablanca-Settat agit sur quatre segments phares du tourisme marocain à savoir les DMC (Destination management company) ou agences réceptives, qui promeuvent la destination touristique marocaine avec des visites permanentes, le déploiement de directeurs commerciaux experts et des agences de voyages fortes d'une trentaine d'années d'expérience et d'expertise. «Ceci est un point très important car c'est le point qui subit les révolutions technologiques et qui se met également en remise en marche, en remise en ordre. Evidemment avec les nouvelles technologies dont l'industrie du tourisme a été la première à en être touchée, avec des menaces mais aussi avec de grandes opportunités», rappelle le président. En effet, les DMC ne captent plus la clientèle individuelle comme par le passé car cette clientèle réserve en direct via mobile et les plateformes chez le prestataire, c'est ce qui ce qui est connu sous l'appellation «désintermédiation». Dans ce sens, les agences de tourisme de Casablanca investissent gros afin d'offrir à travers leurs plateformes B2B la totalité des activités touristiques du royaume. Le deuxième segment est le marché des MICE (Meetings incentives congress events) , littéralement «industrie des réunions». Selon l'étude, les agences de voyage de Casablanca ont réalisé de bonnes opérations dans la coordination, l'organisation et le co-pilotage, en parlant de la Cop22. Aussi, parle-t-on dans ce volet de la gestion du corporate où l'ARAVCS se considère en première ligne dans la gestion du voyage pour les entreprises marocaines grâce aux outils d'informatique modernes. «De plus en plus de team building font le départ de Casablanca vers tout le Maroc afin de motiver les employés des entreprises, mais également en destination de l'étranger, notamment en Turquie, Angleterre, France et Chine», énumère Cherif Alami. Le troisième segment est celui des voyages à la carte/voyages organisés. L'association loue dans ce volet l'effort de l'Etat qui prévoit 4000 euros par personne et par an, en plus de 1000 euros pour acheter les produits sur internet. Le président a aussi tenu à louer la possibilité de pouvoir acheter les prestations en dirhams auprès des agences de voyages. En quatrième et dernier lieu, il y a les voyages de la Omra qui demeurent un segment très important même s'il a subi à une chute de plus de 35% en 2018 en raison de la TVA et la taxe spéciale imposées par l'Arabie saoudite. «Malheureusement, l'application de la TVA à 5% en Arabie saoudite et surtout l'application de la taxe spéciale à raison de 3500 dirhams à partir du deuxième voyage pour la Omra a perturbé complètement le tissu économique des répétiteurs qui profitaient au moins une fois tous les deux ans de ce voyage», regrette notre interlocuteur. Ce qui a donné variant entre -35% jusqu'à -50 % dans certaines catégories de ce segment. Un constat qui a infligé un coup dur aux agences de voyages, notamment celles opérant spécialement dans ce segment. «Nous espérons que l'Arabie saoudite comprendra que cette taxe - mondiale certes - est injuste», explique cherif Alami. Protection des clients et respect de la réglementation Othman Cherif Alami précise que toute agence de voyage doit être organisée selon un cahier des charges et une loi, avec une licence et un agrément. «Avec la direction régionale du ministère du Tourisme pour le Grand Casablanca-Settat, nous organisons des visites auprès des agences de voyages pour s'enquérir du respect des règles ou s'ils sont fermées». Le président de l'ARAVCS a fait savoir que plus de 35 agences de voyages étaient fermées depuis de nombreux mois et ce, pour différentes raisons (liquidation, abandon...). «On avait rédigé un PV avec le directeur régionale du ministère du Tourisme pour que le ministre de tutelle leur retire les licences... et je vous avoue que jusqu'à ce jour, je n'ai pas d'informations précises à ce sujet». Défendre les intérêts des nos clients et trouver une solution à l'amiable ou réglementaire avec les agences qui auraient failli à leurs prestations est aussi l'une des missions de l'association. «Je dois avouer que nous sommes souvent cités en défaillance quand il y a un défaut d'organisation pour les voyages d'organisation à l'étranger. En effet il y a des voyages sensibles (voyage religieux par exemple). Dernièrement, on a identifié une agence à Marrakech qui n'aurait pas respecté son engagement de réalisation d'un voyage Omra pour plus de 60 personnes, mais en général, on va dire que sur les 250 000 passagers que l'ensemble des agences de voyages servent chaque année, à l'extérieur comme à l'intérieur du Maroc, seulement une trentaine de réclamations nous parviennent chaque année. On peut se targuer d'être mieux placés par rapport aux standards internationaux ainsi que dans le bassin méditerranéen», se félicite Cherif Alami. Election du nouveau Comité administratif de l'ARAVCS Le Comité actuel de l'ARAVCS arrive en fin de mandat. En effet, l'association est organisée sous l'exercice du 1er juillet jusqu'au 30 juin et le mandat du bureau et du président est un mandat de trois années : donc fin 2018 comme l'ensemble des associations régionales du Maroc. Une Assemblée générale élective est déjà arrêtée par le Conseil d'administration pour le mois de septembre 2018, afin d'élire les nouveaux membres du Conseil d'administration ainsi que son président. Il y a lieu de noter que les lois en rapport avec les licences d'agences de voyages sont en cours de modification. L'inquiétante «licence B» serait prochainement remplacée par la «licence de distributeur», nous a confié le président de l'ARAVCS.