Les Rencontres photographiques reviennent à Rabat pour une troisième édition musclée. Initiées par l'espace Expressions CDG et le ministère de la Communication et de la culture, ces rencontres permettent de mettre en lumière le talent des photographes du Maroc et d'ailleurs dans plusieurs sites de la ville, notablement les galeries Bab Rouah et Mohamed El Fassi. Coulisses d'une exposition qui se poursuit jusqu'au 30 juin. Rabat vit au rythme des clichés mais pas dans le sens péjoratif cette fois-ci. Au contraire, les clichés sont proposés par 21 artistes de différentes générations, de différentes cultures, qui proposent leur regard sur la société, sur la vie. Depuis le 10 mai et jusqu'au 30 juin, plusieurs photographes marocains et étrangers exposent leur œuvre selon le thème de la mémoire. L'évènement interpelle toutes les formes d'expression, de la poésie jusqu'au débat en passant par la musique. Des rencontres qui sont l'occasion de dénicher de nouveaux talents à travers un marathon-photos primé par la Fondation CDG avec des projections d'œuvres de photographes confirmés, de la poésie ou encore des débats lors d'une table ronde autour du thème de la mémoire. La mémoire, thème de l'édition. Suite à un appel à candidature, des artistes ont été amenés à réfléchir sur «Photos de mémoires, mémoires de photos» et les plus convaincants exposent en ce moment même à l'occasion de la troisième édition des Rencontres photographiques de Rabat. «Ces rencontres souhaitent promouvoir les photographes et la photographie marocaine en leur donnant plus de visibilité et un statut afin de créer des passerelles entre les différentes générations et les différentes sensibilités, s'ouvrir sur d'autres expériences», confie le directeur artistique de ces rencontres Jaâfar Akil, également président de l'Association marocaine d'art photographique (AMAP) qui fête son 30e anniversaire. «La photographie marocaine est encore marginalisée !», prévient le directeur artistique qui rappelle qu'il faudrait multiplier les expositions et les évènements de ce genre avant d'entamer un débat sérieux sur le statut du photographe et sur l'acte photographique au Maroc. «Il y a des artistes qui utilisent la photo dans leurs expositions mais elle est là parmi d'autres supports. Juste un élément parmi d'autres. Ici on met en exergue la photographie d'abord, elle est au premier plan!», précise la même source. Soutenu par la Fondation CDG, l'évènement entre dans le cadre d'un programme annuel qui veut que la fondation célèbre la photographe au moins une fois par an. «La Fondation CDG, depuis sept années déjà, a inscrit dans la programmation annuelle de sa galerie d'art «Espace Expressions CDG», «une exposition réservée exclusivement à la photographie et contribue ainsi modestement à la promotion et à la valorisation de cet art qui intéresse et force de plus en plus le respect des critiques d'art et qui attire de plus en plus l'admiration et l'engouement des passionnés pour cette forme contemporaine d'art», précise Dina Naciri, directrice générale de la Fondation CDG. Selon elle, les arts photographiques investissent de plus en plus le champ artistique au Maroc, ils prennent peu à peu place comme art majeur aux côtés des autres expressions plastiques. «L'effort conjugué de nombreux acteurs culturels, institutionnels ou privés a favorisé cette reconnaissance et cette légitimité de la photographie en tant qu'expression artistique à part entière, comme en témoignent les nombreuses manifestations dédiées à la photographie». Un avis que ne semble pas partager le président de l'AMAP qui souhaiterait voir plus de manifestations du genre et surtout le naissance d'un Prix du Maroc de la photographie qui récompenserait annuellement les meilleurs actes photographiques. En attendant, le directeur artistique semble être optimiste quant à la suite des évènements car jamais le thème de cette année sur la mémoire n'aura eu autant de sens. «Nous sommes en train de créer l'histoire de la photographie au Maroc. Il n'y a pas de livre ou de recherches effectuées. À travers ces rencontres et les ouvrages que l'on réalise, on permet de donner de la matière à des photographes et à des chercheurs. On laisse des traces».