Le prochain cabinet de Benkirane n'aura, peut-être, pas à trop se décarcasser pour tracer sa feuille de route! La Fondation Abderrahim Bouabid vient de lui en concocter une, taillée sur mesure. Dans un document qu'elle vient de rendre public, la Fondation interpelle le prochain gouvernement sur un certain nombre de mesures qu'il doit prendre «d'urgence, pour instaurer la confiance». Il s'agit d'une liste de 11 mesures que décline le think-thank et qui ont été énumérées sous la forme d'un concentré des attentes des citoyens marocains sur les 100 premiers jours de la gestion de la nouvelle équipe. Selon la Fondation, les premiers pas du futur gouvernement devront à la fois, converger à donner «des signaux forts de rupture» et des «mesures symboliques» pour mettre fin à «la persistance d'une défiance des Marocains vis-à-vis de la classe politique». Entre autres mesures phares, la Fondation préconise d'intensifier la lutte contre la corruption et de poursuivre la moralisation de la vie politique, à travers notamment «la création d'une véritable unité anti-corruption avec de larges pouvoirs d'investigation et de poursuite et de publier immédiatement la liste des détenteurs d'agréments, dans tous les domaines». La Fondation estime également nécessaire de poursuivre la rationalisation de l'action de l'Etat, par le biais «d'un moratoire immédiat pendant une période de 6 mois sur les dépenses non engagées relatives aux plans sectoriels». Mettant au défi le gouvernement de Benkirane, la Fondation s'appuie sur les déclarations du PJD, du temps où il était dans l'opposition, notamment sur la polémique en rapport avec le TGV. La publication des décisions et délibérations des commissions d'investissement, l'instauration dès la loi de finances 2012, d'un impôt sur la fortune et un autre sur les successions et l'annulation de toutes les lois restrictives concernant les libertés individuelles et collectives, figurent également au rang des mesures adressés par la Fondation au gouvernement. Pressions Si la lettre d'interpellation a été, officiellement, adressée au prochain gouvernement dans les faits, c'est un véritable défi qu'adresse Omar Balafrej et compagnie au PJD, le parti du nouveau chef de gouvernement, qui est arrivé en tête lors des dernières législatives. Pour la Fondation, aussi nette et méritée que soit cette victoire , celle-ci doit d'abord s'interpréter à la lumière de la faible participation électorale et aussi, des voix engrangées par le parti de la lampe (1,5million de voix) rapportés aux 13,5 millions d'électeurs inscrits et 21 millions en âge de voter. Ensuite, la Fondation estime à l'adresse du PJD que la mise en œuvre de ces mesures dans le délai de grâce, serait de nature à démontrer aux «20 millions de Marocains adultes qui n'ont pas voté pour vous, qu'ils doivent vous appuyer dans vos efforts». En gros, note le document, il s'agit de créer la confiance chez les citoyens marocains au sens le plus large du terme, au-delà de vos partisans et de votre base électorale. C'est la raison pour laquelle le document s'appuie sur certaines déclarations de la direction du PJD, au temps où elle siégeait dans l'opposition. Ce rappel à l'ordre ciblé ne manquera de susciter de vives réactions au sein du PJD. Ce n'est d'ailleurs pas la première sortie de la Fondation présidé par Omar Balafrej dans le même cadre avec, chaque fois, une approche prospective à l'adresse d'éventuelles futures institutions.