La Bank of America (BofA) a fait l'objet, en fin de semaine dernière, de plaintes déposées contre elle par ses homologues française et allemandes, BNP Paribas et Deutsche Bank. Ces dernières s'estiment avoir été lésées, chacune de son coté, par la banque américaine, en manquant à ses obligations sur «plus de 1,7 milliard de dollars de transactions adossées à des prêts immobiliers», précise l'agence Reuters, reprise par les principaux titres de la presse française. Les deux plaintes ont été déposées auprès d'un tribunal fédéral de Manhattan. Ainsi, la Deutsche Bank, plus précisément, accuse Bank of America de rupture de contrat pour n'avoir pas garanti «plus de 1,25 milliard de liquidités et de prêts immobiliers liés à des transactions effectuées entre 2007 et 2008». Quant à BNP Paribas, sa plainte a trait à un refus de Bank of America de payer «480,7 millions de dollars de principal et d'intérêt sur des obligations arrivées à échéance le 10 août». Réagissant à ces actions en justice, un porte-parole de Bank of America a déclaré que «la banque avait honoré ses obligations contractuelles», avant d'ajouter qu'elle compte bien se défendre contre les accusations des juges. La plaidoirie de BofA Points communs entre les deux plaintes : il est, en effet, question de mauvaise gestion de fonds, impliquant aussi un émetteur de prêts immobiliers Taylor, Bean & Whitaker Mortgage Corp, qui a fini par faire faillite en août dernier, sous le poids de créances qu'il devait à Colonial Bank of Montgomery, une autre banque américaine de l'Alabama. Cette dernière, à son tour, avait fait l'objet d'une plainte déposée, toujours au mois d'août, par Bank of America pour avoir refusé de rendre à cette dernière plus d'un milliard de dollars reçu en échange de rachats de prêts, que BofA avait aidé à financer. «Nous partageons les inquiétudes de Deutsche Bank et de BNP sur la manière dont les fonds ont été gérés par Taylor, Bean & Whitaker et par Colonial Bank, et nous n'avons eu de cesse de récupérer les sommes dans les dossiers de faillite de TBW et Colonial au nom de ces investisseurs. Mais, ceci étant, les visées de BNP et de Deutsche Bank voulant engager la responsabilité de Bank of America sont infondées», précise le porte parole de Bank of America. Les banques américaines croupissent sous les dettes Ces velléités judiciaires entre banques interviennent juste au moment où Wall Street Journal annonce, se basant sur un rapport de Moody's Investors Service, que les institutions financières américaines pourraient «se renforcer grâce aux échéances de dette». En effet, le journal de la place boursière new-yorkaise précise que «7 mille milliards de dollars (4.646 milliards d'euros) de dettes bancaires, doivent arriver à échéance d'ici fin 2012». Ce qui forcerait, à terme, les banques à se refinancer à un coût plus élevé. Le journal ajoute que d'ici 2015, trois autres mille milliards de dollars de dette devraient aussi être remboursés aux banques. Ces dettes contractées auprès des principales institutions américaines se sont accumulées depuis une bonne décennie suite au «boom» enregistré par le marché du crédit, jusqu'au déclenchement de la crise, il y a deux ans. «Lorsque la crise sur le marché du crédit a pris de l'ampleur, les banques ont été soutenues par des garanties de l'Etat qui leur ont permis de continuer à vendre de la dette, mais à des échéances beaucoup plus courtes», précise Wall Street Journal.