L'Agence nationale des ports (ANP) et l'Administration des douanes et des impôts indirects (ADII) ont décidé de faciliter les opérations de transbordement au port de Casablanca, afin d'en faire un hub de marchandises à destination de l'Afrique. Le port de Casablanca, hub africain de transport de marchandises! Tel est le rêve des professionnels du secteur portuaire. L'Agence nationale des ports (ANP) et l'Administration des douanes et des impôts indirects (ADII) viennent de donner un véritable coup de fouet aux activités de transbordement au port de la capitale économique. Les deux institutions publiques ont en effet convenu, chacune en ce qui la concerne, de faciliter les procédures de transbordement au vieux port de Casablanca. Ainsi, après concertation avec les professionnels, la Douane a mis en place une nouvelle procédure pour traiter les marchandises en transbordement, à l'instar de ce qui est déjà en vigueur au port de Tanger Med. Au lieu d'appliquer la procédure douanière d'import-export à ce genre de trafics, c'est une procédure simplifiée qui a été retenue. Celle-ci a été mise en place en concertation avec les professionnels qui ont salué cette innovation réglementaire. Pour sa part, l'ANP a décidé d'accorder une ristourne de 70% aux armateurs souhaitant opérer des trafics de transbordement. 200 MDH de gain Cette nouvelle mesure a pour objectif de booster les activités de transbordement et le trafic à destination des ports d'Afrique subsaharienne. «C'est une bonne chose. Cela va permettre au port de Casablanca de faire plus de volume en termes de transbordement, notamment vers l'Afrique. Le port dispose d'un terminal à conteneurs, le TC3, qui est en mesure d'assurer cette activité», salue l'expert maritime, le professeur Najib Cherfaoui. Ces facilités accordées aux armateurs et opérateurs économiques devraient avoir très rapidement des retombées positives sur l'activité du port de Casablanca. Le trafic de transbordement vers l'Afrique pourrait ajouter 20 escales au port, en plus d'un gain financier de 200 MDH par an, avec à la clé plusieurs nouveaux postes d'emplois à créer. Opportunités pour l'export On annonce d'ores et déjà qu'un opérateur a commencé à profiter des nouvelles facilités offertes par les autorités marocaines, en attendant que d'autres grandes compagnies maritimes internationales repositionnent leur ligne et fassent escale à Casablanca. D'ailleurs, la mise en place de cette nouvelle mesure aurait été dictée, en plus de la hausse des exportations marocaines vers l'Afrique subsaharienne, par les demandes exprimées par les armateurs européens et asiatiques. En attendant la relance du pavillon marocain, c'est une belle opportunité pour les exportateurs du royaume qui visent les marchés d'Afrique subsaharienne, surtout dans la perspective d'une entrée du Maroc dans la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et du lancement probable de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC). Najib Cherfaoui Expert maritime Les Inspirations ECO : Le port de Casablanca se veut un hub de transbordement vers l'Afrique. Est-ce une bonne option ? Najib Cherfaoui : C'est une bonne chose. Cela va permettre au port de Casablanca de faire plus de volume en termes de transbordement, notamment vers l'Afrique. Le port dispose d'un terminal à conteneurs, le TC3, qui est en mesure d'assurer cette activité. Cette décision se matérialise par la simplification des procédures et par des rabais pour les activités de transbordement. Il faut toutefois voir s'il n'y a pas d'autres obstacles que ceux économiques, et ainsi les solutionner pour donner plus de succès à cette nouvelle décision. Le port de Casablanca se place-t-il en concurrent de Tanger Med ? Non, le port de Casablanca ne pourra pas concurrencer Tanger Med, pour la simple raison que le port de Tanger Med est plus orienté vers le transbordement à destination de l'Europe du Nord et de l'Amérique. Casablanca sera, lui, dédié à l'Afrique subsaharienne. Avec ce nouveau positionnement, le port de Casablanca pourra plutôt essayer de concurrencer celui de Las Palmas. Quelles compagnies pourront davantage en profiter ? C'est une belle opportunité pour CMA CGM, qui est l'opérateur historique à Casablanca. Elle pourra s'organiser davantage pour mieux profiter du nouveau flux que cette activité va générer. En revanche, l'opérateur MSC, qui mène ses activités de transbordement à Las Palmas, risque de ne pas voir cette nouveauté d'un bon œil. 8 connexions maritimes entre le Maroc et l'Afrique de l'Ouest Huit connexions maritimes relient aujourd'hui le Maroc à l'Afrique de l'Ouest. Toutefois, ces connexions ne sont pas toutes directes : le Maroc est, via Tanger, un pivot d'éclatement pour les navires en provenance d'Amérique, d'Europe du Nord, de la Méditerranée et de Chine. Sept compagnies assurent ces liaisons: Maersk (Danemark), CMA-CGM (France), Hanjin (Corée), Hapag-Lloyd (Allemagne), MSC (Suisse), Grimaldi (Italie) et Nile Dutch (Hollande). Maersk et CMA-CGM dominent le secteur des conteneurs avec respectivement 35% et 25% de parts de marché. L'armement maroco-nigérian «Africa Shipping Line» dessert au moyen d'un seul navire roulier «Altina», la ligne Casablanca-Nouakchott-Dakar-Conakry. Grimaldi Line opère depuis une dizaine d'années depuis Casablanca vers l'Afrique de l'Ouest en service direct avec presque deux navires par semaine, avec la possibilité de charger des conteneurs/rouliers/conventionnels en même temps.