Ibrahim Manna, directeur général des marchés émergents au sein du groupe Careem, est convaincu que les deux types d'opérateurs se font pas concurrence mais sont plutôt complémentaires. L'offre étant très importante. Ce dernier insiste par ailleurs sur les enjeux que les entreprises employant les VTC doivent relever pour réussir au Maroc. Un pays «très difficile» d'un point de vue réglementaire. La relation tendue entre les entreprises employant les VTC et les chauffeurs de taxi est connue de tous. Au Maroc, comparé aux autres pays de la région, cette relation semble exacerbée par des actions plus virulentes, menées par les derniers à l'encontre des premières. Parmi celles-ci, Careem, qui revendique «quelques milliers d'emplois créés au Maroc», en référence au nombre de VTC (voiture de transport avec chauffeur) qui collaborent avec l'entreprise émiratie, et qui tente de calmer le jeu. Comment? En mettant en avant le rôle «économique» joué par les entreprises citées. «Certains gouvernements ont une idée fausse de la technologie que nous employons. Cette idée émane d'informations erronées qui mettent en doute notre rôle en tant qu'opérateurs économiques», souligne Ibrahim Manna, DG des marchés émergents chez Careem. Ce dernier, qui avance le chiffre de 5 millions de postes d'emploi créés par le groupe en cinq ans, tempère néanmoins ses propos concernant le royaume. «En ce qui concerne le volet réglementaire, le Maroc est un des pays les plus difficiles où nous opérons. C'est pour cela que le pourcentage des emplois créés au Maroc, par rapport à l'ensemble du groupe, n'est pas si élevé que cela», souligne-t-il. Réalité vs potentiel «Un potentiel énorme en matière d'emploi». C'est en somme l'angle privilégié par Ibrahim Manna pour présenter son groupe. «Nous sommes capables de créer jusqu'à 100.000 emplois en trois ans. C'est ce que nous avons fait en Arabie saoudite», poursuit-il. Tenant compte la réalité du terrain, cette déclaration est à prendre avec des pincettes. Non seulement les taxis ont déjà lancé une offensive agressive en mettant en place le programme Fiddek, fruit de l'alliance avec le groupe Heetch, mais ils comptent aussi saisir la justice pour s'attaquer notamment à Careem et à Uber (cf: www.leseco.ma). S'agissant des chauffeurs, concernés directement par ladite augmentation du nombre de postes, d'aucuns mettent en avant leur réticence à rejoindre les rangs des chauffeurs de VTC, à cause des des agressions à répétition dont ils font l'objet, notamment à Casablanca. Concurrence déloyale? D'un point de vue concurrentiel, il est clair que les deux types d'opérateurs n'ont en aucun cas la même offre. Si les VTC sont assujetties à des normes de qualité plus strictes, le service d'une grande partie des taxis laisse à désirer, chose que déplorent même certaines associations représentatives. Côté prix, il n'y a pas photo, nonobstant la hausse des prix que pratiquent certains taxis en l'absence de toute assise réglementaire. À ce propos, le cas de Oujda est un exemple parlant. Toujours en termes de service, l'indice du nombre de personnes par voyage est souvent mis en avant comme atout commercial des VTC. Tous ces parallèles donnent aux TVC une longueur d'avance sur les taxis dans leur «guéguerre» inéquilibrée. «Notre offre est complètement différente de celle des taxis- rouges et blancs. Chaque client a le droit de prendre un transport en commun sans qu'il soit obligé de le partager, pour ne parler que de cet aspect-là», souligne Manna. En tout cas, à Casablanca ou à Rabat, où Careem est présent, la demande dépasse de loin l'offre fournie par tous les modes de transport disponibles. Un constat qui rend cette «guéguerre» tout à fait incompréhensible.