Décidément, la course vers les parts de marché dans la distribution des hydrocarbures passe inéluctablement par de gros budgets d'investissement. Shell Maroc, devenue depuis cette semaine Vivo Energy (voir www.lesechos.ma), en est la parfaite illustration. Lors de la présentation de la nouvelle dénomination de la société, son top management a en effet annoncé que «les investissements de 2011 ont totalisé un montant de 100 MDH et ce pour la rénovation de 291 stations et l'extension de son réseau». L'enseigne ne compte pas s'arrêter là, puisque les nouveaux repreneurs de Shell promettent déjà «une stratégie axée sur un investissement accru au Maroc permettant d'un côté de développer les stations-services mais aussi de tripler la capacité de production des lubrifiants à l'horizon 2015». Cela en dit long sur la volonté du distributeur d'améliorer la qualité des stations-services afin de conquérir de nouvelles parts de marché. Il faut dire que cela est devenu plus que nécessaire dans un contexte concurrentiel des plus accrus dans le secteur. Aujourd'hui, ce ne sont pas moins de 16 compagnies de distribution qui se partagent le marché national, avec en tête Afriquia SMDC, qui s'accapare près du tiers de parts de marché, suivi par les stations Shell et Total. «Dans un marché où les prix sont régulés par l'Etat, il devient clair que seul l'aspect qualitatif permettra de promouvoir les stations des sociétés de distribution», nous explique-t-on auprès des professionnels. Le cas de Vivo Energy est en effet loin d'être un cas isolé. Chez Total Maroc par exemple, on parle en effet de 200 millions de dirhams d'investissements récurrents chaque année (voir www.lesechos.ma) et là aussi, il s'agit de création et de rénovation des stations-services. En tout, dans la profession, il est question aujourd'hui d'un budget pouvant atteindre jusqu'à 10 MDH pour l'investissement dans une station-service. Objectif, offrir un cadre allant au-delà du simple service d'approvisionnement en carburant. Ceci d'autant plus que les marges sur les prix de l'essence et du gasoil étant administrées, ces entreprises se voient dans l'obligation de trouver de nouveaux relais de croissance notamment avec la mise en place de nouvelles infrastructures incluant parkings, coffee shops, restauration et autres services à même de permettre à la station-service de générer des marges que ne peut lui octroyer l'activité de vente de produits pétroliers. Les compagnies pétrolières ont, semble-t-il, bien assimilé le principe. Et ce ne sont pas les idées qui manquent. Seul hic dans cette volonté d'investir, la trésorerie. Nul n'ignore en effet que dans le secteur, les arriérés de la compensation sont devenus un frein inéluctable pour les pétroliers. Selon les dernières estimations disponibles dans la profession, les arriérés de l'exercice 2011 sont estimés à quelque 7 milliards de DH. Le gouvernement sortant a certes lancé l'idée de permettre la titrisation de ces arriérés afin de soulager les trésoreries des pétroliers, mais cela est encore loin de faire l'unanimité dans le secteur.