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L'Afrique ou les défis d'une économie diversifiée
Publié dans Les ECO le 02 - 01 - 2018

Depuis plus ou moins une décennie, l'Afrique est au cœur de tous les débats. Jamais ce continent n'a eu autant de succès ni attisé une telle convoitise. Ce qui attire le plus en Afrique, ce sont bien sûr ses immenses potentialités et ses inégalables richesses naturelles qui devraient rapporter plus de 30 milliards de dollars de recettes par an, au cours des 20 prochaines années. Rien que les réserves en pétrole, elles «correspondent à 120 milliards de barils, soit autant que l'Arabie Saoudite. Le continent possède 600 milliards de terres arables non cultivées, soit un quart du total mondial». Mieux encore, le PIB de l'Afrique est passé presque du simple au triple entre 2001 et 2015. Toutefois, les taux de croissance enregistrés en Afrique subsaharienne (si l'on excepte le repli enregistré en 2016) ne sont nullement révélateurs de la réalité socio-économique où se trouvent, à des proportions différentes, de nombreux pays du continent : absence d'infrastructures de base, pénurie d'une main-d'œuvre qualifiée, mauvaise gouvernance, corruption chronique, etc. Ce sont là les vrais défis auxquels l'Afrique doit faire face. Prenons le cas de la corruption qui sévit en Afrique subsaharienne. Elle est l'un des principaux facteurs qui bloquent un vrai décollage économique équitable ; profitable à toute la population. 400 milliards de dollars sont détournés annuellement. C'est d'ailleurs en Afrique que nous trouvons les pays les plus corrompus (Somalie, Sud Soudan, RDC, Angola, etc.). Selon le classement de Trasnparency International de 2016, sur les 50 pays les plus corrompus, 24 sont africains. Il est à noter que la lutte contre la corruption et la promotion du respect de la légalité permettraient aux pays africains d'augmenter leur revenu national de 400%. Malheureusement, une telle situation profite à différents groupes étrangers peu regardants sur de telles pratiques. En effet, nombreuses sont les multinationales présentes en Afrique à favoriser la corruption et donc à retarder l'émergence d'une économie africaine moins dépendante de l'exploitation et de l'exportation des matières premières. Dans le même ordre d'idées, la Commission économique pour l'Afrique des Nations Unies précise dans un rapport publié en 2016 «qu'il faut veiller à ne pas négliger la dimension internationale de la corruption en Afrique et son ampleur liée pour l'essentiel au comportement des sociétés étrangères et autres acteurs internationaux».
Le poids de la corruption
L'une des conséquences les plus manifestes de cette corruption chronique n'est autre que la pauvreté qui continue à sévir dans de nombreux pays de l'Afrique subsaharienne. Nous pouvons certes nuancer nos propos en disant que la croissance soutenue «a permis d'améliorer le revenu par habitant, a réduit la pauvreté et a facilité l'accès à l'éducation et à la santé», mais le plus important reste à faire et les inégalités persistent encore. En 2013, 50% des pauvres du monde entier se trouvent en Afrique. Le deuxième facteur bloquant le véritable développement socioéconomique de l'Afrique est inhérent à la nature même de son économie, en ce sens qu'elle est basée sur l'exportation des matières premières avec le pétrole et les minerais en tête, ce qui explique d'ailleurs que la hausse du taux de croissance est plus conjoncturelle que structurelle. Pour preuve, le taux de croissance, depuis la chute des prix du pétrole, est en baisse dans les pays qui en sont exportateurs (en Angola, parmi les 10 premiers exportateurs de pétrole, la croissance du PIB est passée de 4,8% en 2014 à 0% en 2016). Retenons également que le taux de croissance que connaît le continent n'est pas créateur d'emplois ; la part de l'emploi informel est très élevée, pour ne pas dire inquiétante. En effet, la proportion des travailleurs en situation d'emploi précaire est de 70,1% pour les hommes et de 84,3% pour les femmes (Sources : Organisation internationale du travail, 2014). Les choses risqueraient de se compliquer si les pays d'Afrique maintenaient le même cap par une exploitation outrancière des ressources naturelles. Face à l'explosion démographique, il faudra créer 10 millions d'emplois annuellement en vue d'absorber l'arrivée des jeunes sur le marché du travail. Les pays africains doivent, par conséquent, impérativement diversifier leur économie en s'orientant vers des secteurs à plus forte valeur ajoutée et créateurs d'emplois. C'est sûrement dans une agriculture moderne et durable ainsi que dans le secteur manufacturier que l'Afrique trouvera son salut et partant, mettra fin à tous ces maux chroniques par lesquels elle est tristement célèbre : pauvreté, inégalité, corruption, etc. D'ailleurs, il est communément admis que «la croissance des secteurs à forte intensité de main-d'œuvre comme l'agriculture et le secteur manufacturier, permet habituellement une plus forte réduction de la pauvreté que la croissance dans le secteur à forte intensité de capital comme l'extraction minière».
S'industrialiser ou mourir
En somme, les pays de l'Afrique subsaharienne n'ont pas d'autres solutions si ce n'est celle de l'industrialisation (la contribution de l'Afrique à l'industrie de transformation au niveau mondial ne dépasse pas 1% contre 16% pour l'Asie de l'Est) qui demeure «la voie la plus efficace vers la croissance soutenue et la convergence économique». Il est évident que la première condition afin de drainer les lourds investissements étrangers que nécessite l'industrie est de rassurer l'ensemble des investisseurs et des bailleurs de fonds par la mise en place de mesures de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. La deuxième étape consiste en l'instauration d'une panoplie de mesures incitatives afin de drainer les IDE. Par ailleurs, d'un point de vue purement technique, l'industrialisation nécessite la mise en place, dans la plupart des pays d'Afrique, de trois mesures vitales : un plan d'électrification vu les pannes d'électricité fréquentes et que l'industrie ne peut supporter, un plan de mise à niveau des infrastructures et enfin une politique de formation technique et professionnelle en vue de répondre aux besoins des entreprises en main-d'œuvre qualifiée. (voir à ce sujet notre article : www.libe.ma). Il est important de souligner qu'il serait dangereux de proposer la même stratégie d'industrialisation à l'ensemble des pays. «Les Etats d'Afrique subsaharienne auraient intérêt à faire jouer leur complémentarité» et c'est là que l'intégration régionale s'impose et prend toute son ampleur. Elle ne pourra se réaliser sans une réelle et ferme volonté politique.
Mouneim Mansouri
Docteur en Sciences du langage de l'université Paul Valéry (Montpellier III)


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