Sept mois après avoir été accusé par le président français Emmanuel Macron de s'être comporté en «organe d'influence» et de faire de la «propagande mensongère», le groupe de télévision public russe RT (Russia Today) a lancé, le 18 décembre à Paris, sa chaîne en français. La chaîne qui porte le slogan «Osez questionner» a déployé, pour son expérience française, 20 millions d'euros et 150 salariés dont 80 journalistes. Des moyens qui pourraient bel et bien peser sur le champ médiatique français. Une réalité improbable par la présidente de RT France, Xenia Fedorova, qui avance qu'«il ne faut pas oublier que nous ne sommes qu'une petite équipe, une voix sur la scène médiatique française parmi des centaines, et même des milliers d'autres!». RT sous la loupe du CSA Se voulant un média «alternatif» aux organes de presse «de la pensée unique», RT France, bien qu'accueillie par l'Hexagone, n'échappera pas à l'œil du CSA dont le président, Olivier Schrameck, a manifesté sa méfiance. D'ailleurs, dans une tribune au «Monde», un collectif de spécialistes de la Russie ont interpellé Schrameck. Selon eux, l'autorisation octroyée à RT de diffuser en France est d'une «extrême gravité». «L'autorisation donnée à Russia Today de diffuser en France est d'une extrême gravité car elle peut conduire au brouillage des esprits et à la désunion des Français. En conséquence, nous vous prions, au nom de la préservation de la paix civile, de suspendre l'attribution de la licence de diffusion à Russia Today sur le territoire français», a avancé le collectif en question. Néanmoins, le président du CSA serait loin d'être rétif à cet appel, n'avait pas manqué de rappeler le rôle de l'instance qu'il chapeaute pour agir avec «promptitude en cas d'anomalie». De son côté, la présidente de la chaîne rejette toute tentative de nuire à la situation politique du pays, la France en l'occurrence. «Prétendre que nous serions en mesure de peser sur les élections ou la politique menée par un pays - ce qui n'entrera jamais dans nos intentions, étant l'antithèse de la pratique journalistique - est tout simplement absurde», assène Fedorova. À titre de rappel, RT (ex-Russia Today) a débuté en France en 2015 avec un site Internet diffusant en langue française et s'est montrée très active sur YouTube, où ses vidéos totalisent parfois des centaines de milliers de visionnages.