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«Le groupe a beaucoup capitalisé sur les réformes de gouvernance»
Publié dans Les ECO le 14 - 12 - 2017

Badre Kanouni, président du directoire du groupe al omrane
Depuis 2011, le groupe Al Omrane s'est lancé dans un processus tous azimuts d'amélioration de sa gouvernance. Coordination et gestion des différents programmes, pilotage homogène, meilleure capitalisation du savoir-faire, synergie, mutualisation, et complémentarité des compétences en sont les éléments majeurs. Avec un investissement de plus de 72 MMDH en dix ans et 5 millions de Marocains profitant de ses projets d'habitat principalement économique, le groupe a aussi relevé le pari d'une bonne santé financière. Décryptage.
Dix ans après sa création, quelle valeur ajoutée le Groupe Al Omrane a-t-il apporté au paysage urbanistique marocain ?
Sur cette décennie, le Groupe Al Omrane, conformément à la volonté de l'Etat, s'est inscrit comme l'acteur public principal et incontournable pour la gestion des programmes publics en matière d'habitat principalement social, l'accompagnement dans l'éradication de toutes les formes d'insalubrité et le développement des grands projets urbains structurants. Il faut rappeler qu'en créant Al Omrane, le gouvernement a voulu se doter d'un outil d'opérationnalisation de sa politique dans l'objectif de renforcer la compétitivité de l'action de l'Etat dans ces domaines. Il voulait profiter et capitaliser sur 40 années d'expérience et un ADN social indéniable. Le groupe s'est également positionné comme locomotive pour le secteur en investissant dans des programmes phares en initiant des projets novateurs et en développant le partenariat avec le privé. Il a su porter les défis de l'urbanisme et l'habitat de notre pays en vue de permettre au citoyen d'aspirer à un logement décent et à la dignité. Cet engagement pour l'inclusion sociale, la mixité et la qualité de vie, l'enrichissement de l'offre d'habitat, la promotion urbaine font d'Al Omrane un acteur public moteur et un leader qui a su développer un positionnement expert dans ce domaine reconnu même à l'international.
En matière de gouvernance et d'amélioration des procédures de gestion et de contrôle, Al Omrane avait, il y a quelques années, entrepris un programme ambitieux. Quel a été son apport sur le terrain, notamment en ce qui concerne le lancement et le suivi des projets urbanistiques ?
La vague de réformes entreprises en 2011 a permis, de fait, de mieux coordonner et gérer tous les programmes d'action, d'assurer un pilotage homogène et efficace et d'induire une meilleure capitalisation du savoir-faire en favorisant la synergie, la mutualisation, et la complémentarité des compétences. Cette série de réformes en matière de gouvernance visait à promouvoir la transparence dans la gestion, à adopter une démarche participative dans le pilotage de l'activité, à ancrer la culture de la performance et de la reddition des comptes à tous les niveaux de responsabilité et à renforcer le climat de confiance avec tous nos partenaires. Nous avons pu initier une nouvelle génération de projets qui doivent réunir les prérequis (foncier assaini, technique, financier et commercial) avant d'être lancés. Toutes ces mises à niveau des systèmes et des compétences et leur montée en puissance ont été mises au service de l'ensemble des projets menés par le groupe sur le territoire. Ainsi, sur la période 2007-2017, l'évolution de l'activité du Groupe Al Omrane se reflète à travers les données suivantes: 5 millions de Marocaines et de Marocains bénéficiaires des projets d'habitat et de développement urbain; un investissement cumulé de plus de 72,5 MMDH, la réalisation de plus de 490.000 unités d'habitats, plus de 1 million d'unités de mise à niveau cumulées et près d'un millier d'opérateurs privés, publics ou internationaux mobilisés aux côtés du groupe pour l'ensemble des projets.
En tant que bras armé de l'Etat dans le domaine urbanistique, le groupe s'est vu confier des missions de haute importance comme la lutte contre les bidonvilles ou la réhabilitation des anciennes médinas. Peut-on aujourd'hui dire que le groupe a les moyens et l'accompagnement nécessaires pour s'acquitter convenablement de ces tâches multiples?
Comme je vous l'ai rappelé, le groupe capitalise sur 40 années d'expérience et un capital humain aguerri. Il dispose également de 72 représentations locales, ce qui en fait un acteur proche à la fois des intervenants territoriaux et des citoyens. C'est pour cette raison qu'il a été naturellement choisi comme outil principal dans les programmes publics de résorption de l'insalubrité (bidonvilles/quartiers sous-équipés), réhabilitation des anciennes médinas. Ces programmes, portés par le ministère de l'Aménagement du territoire national, de l'urbanisme et de la politique de ville avec une forte dimension participative, visent à restituer aux espaces leur capacité d'accueil, d'intégration économique et sociale et de développement durable, et ce, en éliminant les facteurs d'insalubrité et de dégradation qui grèvent ces capacités. Le programme VSB est un instrument qui, au moyen du partenariat et de l'action commune et conjuguée des acteurs concernés, est un levier incontournable de la mise à niveau des villes, contribuant à faire de celles-ci un moteur de croissance. Les résultats sont là depuis le lancement du programme en 2004: les efforts accomplis ont permis à plus de 300.000 familles de quitter leur baraque, permettant ainsi à plus de 1,5 million d'habitants d'améliorer leurs conditions de logement et de vie et à 58 villes d'être déclarées sans bidonvilles par les pouvoirs publics.
La politique des nouvelles villes se veut une réponse à l'essoufflement que connaissent les grandes villes sous la pression de l'exode rural. Pourtant, la réussite de ces programmes n'est pas toujours acquise. Pourquoi et quelles sont les initiatives qui peuvent changer la donne ?
Rappelons que les villes nouvelles représentent une nouvelle génération de grands projets urbanistiques à même de répondre aux problèmes posés par le poids de l'urbanisation, les capacités d'accueil limitées des villes et l'extension anarchique de celles-ci. Ce programme a été lancé suite aux Hautes Instructions du roi Mohammed VI comme l'une des composantes essentielles de la politique d'aménagement du territoire. S'inscrivant dans les orientations de l'aménagement du territoire, il vise à renforcer la compétitivité des territoires, à équilibrer le réseau urbain régional, à renforcer l'armature urbaine et à accompagner et valoriser les grands programmes d'aménagement et d'infrastructure engagés par le gouvernement. Le choix des sites devant abriter ces villes nouvelles s'est fait en respect des normes définies dans le cadre de cette politique nationale. Pour ce programme, l'expertise et le savoir-faire d'Al Omrane ont été de nouveau sollicités en tant qu'opérateur spécialisé et de référence pour accompagner l'Etat et les régions dans la réalisation des villes nouvelles et pôles urbains ce, dans le cadre de la mise œuvre de la politique de la ville et du développement des territoires. L'expérience des quatre villes nouvelles Tamansourt, Tamesna, Lakhyayta et Chrafate montre qu'Al Omrane joue un rôle de précurseur en matière d'urbanisation nouvelle. Ces villes constituent de véritables laboratoires architecturaux, urbanistiques et environnementaux; la plus ancienne ne dépasse pas 13 ans. Lancé en période de «boom de l'immobilier», les villes de Tamansourt et Tamesna ont connu un démarrage assez prometteur avec un modèle de développement différent. La première s'est principalement appuyée sur l'offre d'Al Omrane, et la seconde s'inscrit dans une approche de partenariat public-privé. L'expérience de ces nouveaux ensembles urbains initiée en 2004 au Maroc n'a pas toujours été sans entrave. Depuis leur lancement, Tamesna, Tamansourt, Chrafate et Lakhyayta avancent mais pas toujours au rythme voulu initialement. La crise étant passée par là, le développement des deux villes que sont Tamansourt et Tamesna a connu, à un moment donné, un certain ralentissement. Pour remédier à cette situation, le ministère de tutelle a mis en place des plans de relance de ces pôles dont le premier profite à Tamesna depuis mars 2013, suivi de celui de Tamansourt, en y injectant des financements pour accélérer le déploiement des infrastructures et des équipements publics et renforcer la convergence de l'action des divers départements. Ces villes accueillent, depuis, près de 100.000 habitants.
Comment jugez-vous la santé financière du groupe en termes d'évolution des dépenses et des recettes ?
Dans un contexte difficile, nous avons maintenu notre chiffre d'affaires et nos niveaux d'investissement, nous plaçant ainsi dans le peloton de tête des plus grands investisseurs publics de notre pays. Grâce aux diverses réformes entreprises, le groupe continue à bénéficier d'une santé financière saine et solide et a même pu réduire son taux d'endettement de 84% à fin 2010, à 64% fin 2016.


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