Le pape François est arrivé en Birmanie pour une visite inédite et qui s'annonce délicate. Elle survient dans un pays majoritairement bouddhiste accusé récemment d'épuration ethnique contre la minorité musulmane des Rohingyas. Pour son 21e voyage, le pape se rendra également au Bangladesh, autre pays asiatique marqué par de fortes tensions religieuses et sous les projecteurs avec l'exode forcé des Rohingyas en provenance de la Birmanie. Environ 620.000 d'entre eux ont fui depuis fin août leurs villages de l'Etat Rakhine, dans l'ouest de la Birmanie, pour échapper à une campagne de répression de l'armée, qualifiée d'«épuration ethnique» par les Nations Unies. Les déclarations du pape concernant le sort des Rohingyas seront scrutées à la loupe dans un pays sous forte tension inter-religieuse. Le pape François n'a pas hésité à dénoncer à plusieurs reprises ces derniers mois le traitement réservé à ceux qu'il appelle ses «frères rohingyas» au risque de froisser la majorité bouddhiste du pays. Il s'est entretenu avec le chef de l'armée, Min Aung Hlaing, qui est accusé par les organisations de défense des droits de l'homme d'être le principal responsable de la campagne de répression. La semaine dernière, la Birmanie et le Bangladesh ont annoncé un accord sur un retour des réfugiés rohingyas, mais le chef de l'armée s'est déjà dit opposé à leur retour en masse. Le pape sud-américain a également rencontré la dirigeante birmane et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, dont l'aura internationale a été fortement ternie par son manque d'empathie affiché pour les Rohingyas. L'opinion publique birmane, portée par un nationalisme bouddhiste et largement antimusulmane, est chauffée à blanc par les remises en cause de la communauté internationale sur la façon dont le gouvernement gère ce conflit.