Dans un message adressé aux participants à la deuxième édition du Forum parlementaire sur la justice sociale abrité par la Maroc en février 2017, le roi a mis en exergue le rôle du dialogue social, considéré comme un préalable essentiel au développement durable et à la justice sociale. Le souverain a mis en relief la nécessité de mettre à profit les expériences nationales avant-gardistes dédiées à la réalisation de la justice sociale et d'en inscrire les prémices dans les référentiels des politiques publiques. «Le lancement de la réflexion et du débat publics sur l'élaboration d'un modèle marocain de justice sociale est une preuve formelle de la force de nos institutions constitutionnelles, du dynamisme de notre espace public national et de sa capacité à intégrer les dynamiques de la société, la multiplicité des opinions qui s'y expriment et la diversité des intérêts des différentes catégories qui la composent», a souligné le roi dans son message. Si la réalisation de la justice sociale constitue une option stratégique pour le Maroc, la hausse du niveau des populations vulnérables n'incombe plus uniquement à l'Etat, mais aussi aux instances élues, qui sont appelées à assurer le suivi des politiques et des programmes sociaux. «Cette vision humaine et réaliste à la fois incarne, par exemple mais pas exclusivement, l'essence de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) dans ses première et deuxième éditions, ainsi que le programme de développement destiné aux populations du monde rural, surtout les catégories les plus démunies et les plus vulnérables», a ajouté le souverain. L'une des options fiables qu'il reste à tester est sans aucun doute la nécessité de mettre à profit les expériences nationales avant-gardistes dédiées à la réalisation de la justice sociale. Le roi a cité dans cette optique l'intégration de la mise en œuvre des Objectifs du millénaire dans les différentes politiques publiques nationales, la programmation budgétaire axée sur l'approche genre, la Charte sociale élaborée par le CESE et le processus d'institutionnalisation du dialogue social «en tant qu'acquis devant être préservé, mis en valeur et développé», pour inciter les partenaires sociaux à dépasser le blocage rencontré depuis 2012 au sein de cette instance de concertation. Une multitude d'enjeux majeurs Non seulement la prise en compte de ces impératifs est nécessaire pour assurer la cohérence méthodologique et institutionnelle du nouveau système du dialogue social, mais elle s'inscrit aussi au cœur du processus engagé par le Maroc pour passer à un modèle de développement durable, équitable et global. Le roi a cité quatre enjeux majeurs pour un dialogue social constructif. Le premier enjeu porte sur «L'institutionnalisation de mécanismes du dialogue social dotés d'une procédure simplifiée et d'une méthodologie claire, inclusifs de tous les acteurs concernés et aptes à tenir séance de façon régulière. Des mécanismes aux prolongements territoriaux clairs, aux rôles complémentaires, proactifs et forts d'une vision prospective et d'une capacité de médiation, non seulement dans les affaires classiques liées aux relations du travail, mais aussi concernant les différentes problématiques afférant au système de travail décent pris au sens large». Cela nécessite d'engager une réflexion sur les grandes lignes du nouveau système de dialogue social, considéré comme un levier de la démocratie participative et un pilier de la paix sociale. Le deuxième enjeu cité par le roi réside dans la nécessité d'étendre les thématiques du dialogue social à de nouvelles problématiques figurant au centre des engagements constitutionnels et conventionnels du Maroc. Il s'agit «des questions d'égalité effective et de lutte contre la discrimination entre les sexes dans le domaine du travail et d'éradication effective du travail des enfants, outre celles relatives à la mise en place des conditions d'un travail décent en faveur des personnes handicapées et la mise à niveau du secteur informel pour élargir les domaines et les opportunités d'exercice d'un travail décent», selon la classification établie par le chef de l'Etat. Le troisième enjeu tient à la nécessité de construire un nouveau système de dialogue social «en ayant à l'esprit les exigences d'égalité des sexes, l'approche droits de l'Homme, les engagements souscrits par notre pays en vertu des conventions de l'Organisation internationale du travail ainsi que les nécessités du développement durable appréhendé dans ses trois dimensions économique, sociale et environnementale». En effet, le nouveau système du dialogue social doit avoir spécifiquement en ligne de mire les Objectifs du développement durable que sont l'éradication de la pauvreté, l'instauration de l'égalité des sexes, la stimulation d'une croissance économique soutenue, inclusive et durable, le plein emploi productif et la promotion de l'accès de tous à un travail décent. Il convient aussi de mettre à profit les contributions méritoires de l'Organisation internationale du travail dans le domaine de l'institutionnalisation du dialogue social, ainsi que les principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'Homme.