En présentant ses innovations et offres pour accompagner la transformation digitale du pays, les responsables de l'opérateur historique se sont livrés au jeu des questions-réponses. Dégroupage, qualité du débit internet, le match data/voix...tout y passe. On le sait, l'opérateur historique communique (très) rarement. Du coup, quand l'occasion se présente, les journalistes en profitent pour passer en revue toutes les questions laissées en suspens. C'est ce qui s'est passé, jeudi dernier au nouveau siège de Maroc Telecom. Le leader du secteur a organisé un point de presse pour présenter ses innovations afin d'accompagner la transformation digitale du royaume et du continent. «L'un des chantiers prioritaires pour nous», affirme-t-on auprès du management. D'ailleurs, il était prévu que le PDG du groupe, Abdeslam Ahizoune, prenne part à cet événement, «mais des engagements professionnels» l'en ont empêché. En tout cas, la rencontre a permis de mettre sur la table toutes les questions d'actualité. Transformation digitale «Il faut préempter ce marché» Leader du marché, Maroc Telecom est le dernier opérateur à décliner sa stratégie digitale. Du coup, il veut frapper fort pour rattraper son retard. L'on parle de l'organisation de Smart days de Maroc Telecom. Objectifs : initier et pérenniser un espace de réflexion, suivre et analyser l'évolution des solutions et des pratiques, et accompagner la mutation globale à l'ère du numérique. L'annonce de ce nouveau rendez-vous, dont la périodicité n'est pas encore fixée, est accompagnée par le lancement de plusieurs offres dédiées aux objets connectés : Balise connectée, smart home, solutions cloud pour les entreprises, data center, smart car...Ces innovations trouveront-elles preneurs ? Le directeur Marketing de Maroc Telecom, Abdelkader Maamer, en est convaincu. «Certes, il s'agit d'une niche, mais c'est un marché d'avenir. Le tout connecté est aujourd'hui une réalité. Il faut donc préempter ce marché, non seulement pour ses revenus mais aussi parce qu'il y a un besoin d'éducation du client pour ces innovations», explique-il. Data Le nouveau champ de bataille Pour Maamer, il n'y a pas de doute que «la data est un segment d'avenir. En termes de revenus, la voix perd de sa valeur à l'international avec Viber, Whattsap et les autres applications au profit de la data». L'enjeu est donc d'assurer que cette montée en puissance de la data compense le manque à gagner du segment voix. Or, la mission est loin d'être de tout repos. «Les opérateurs télécoms ont leur métier, mais il y a d'autres acteurs qui entrent en ligne de compte. C'est tout l'écosystème qui doit jouer son rôle», estime Abdelkader Maamer. Instabilité du débit À quoi sert la fibre optique ? C'est l'une des critiques qu'on adresse souvent à l'opérateur historique : les coupures et/ou l'instabilité du débit internet. Pourtant, l'opérateur, géré par Abdeslam Ahizoune, a déployé de grands investissements pour l'amélioration de ses infrastructures, notamment à travers la fibre optique. «En principe, la fibre optique devrait résoudre ce genre de problème, car elle offre une meilleure qualité de débit», promet Brahim Boudaoud, directeur général Réglementation et affaires juridiques. Zakaria Lahjomri, directeur de communication, abonde dans le même sens : «Il faut savoir que la fibre optique permet une meilleure qualité tout en étant loin du point d'accès de l'opérateur. Contrairement à Adsl qui n'assure que 3 à 4 kilomètres de couverture». Dégroupage «Aucune demande de partage n'est en instance !» Mise en demeure d'Inwi, avertissement de l'Agence nationale de régulation des télécommunications (ANRT)... Depuis plusieurs mois, l'opérateur historique est dans l'œil du cyclone à cause du dégroupage. Mais, faisant fi de toutes les sollicitations et des décisions du régulateur du marché, le leader du marché est resté motus et bouche cousue sur ce sujet. Là, c'est l'une des rares fois où les responsables de l'opérateur réagissent. «Aujourd'hui, il n'y aucune demande de partage en instance. C'est donc un faux débat», lance Brahim Boudaoud. «On parle de 1,3 million de lignes disponibles, c'est moins de 20% du marché et donc ce n'est pas cela qui barre la route aux autres opérateurs», renchérit Lahjomri. Et d'ajouter : «Il faut savoir qu'une bonne partie des investissements consentis par Maroc Telecom pour développer le haut débit a été réalisée durant les 5 dernières années. Les concurrents, Orange notamment, ont été là aussi, pourquoi n'ont-ils pas fait pareil ? Et bien parce que les marges n'existent pratiquement pas sur cette technologie. Ils préfèrent donc le mobile, c'est plus rentable». Quid alors de l'avertissement adressé par l'ANRT à l'opérateur historique pour «manquement partiel» à ses engagements concernant le dégroupage ? «L'arbitre peut se tromper, mais on respecte ses décisions. Et puis, en France, par exemple, Orange reçoit une dizaine d'avertissements chaque année. Dans tous les cas, c'est un domaine spécial et il y beaucoup de détails à préciser», rétorque Boudaoud.