L'agence financière Moody's vient de rendre public un rapport qui confirme la tendance à l'endettement de l'économie publique mondiale. En effet, ce document précise que la dette publique mondiale augmentera de près de 45% entre 2007 et 2010. Un pic qui se traduit par 15 300 milliards de dollars et qui devrait atteindre l'année prochaine 49 500 milliards de dollars du fait de la crise. L'institut a enchainé sur la conclusion selon laquelle cette hausse du montant de la dette « représente plus de 100 fois le montant total qui avait conduit au lendemain de la seconde guerre mondiale, à l'application du plan Marshall de reconstruction de l'Europe. Pas moins de 80% de cette hausse pèsera sur les épaules des sept pays les plus avancés au monde. Les Etats-Unis arrivent en tête, sans grande surprise, suivis du Japon, de l'Allemagne, de la France, du Royaume-Uni, de l'Italie et du Canada. Ces pays sont, en effet, «les plus durement touchés par la crise», selon le document de Moody's, et qui peinent encore à engager leur économie vers une reprise complète. D'après Moody's, sur l'ensemble des pays de la planète, la part accaparée par la dette publique par rapport au produit intérieur brut (PIB) devrait passer de 63% en 2008, son plus bas niveau depuis dix ans, à 80% en 2010. «Avec la récession qui a touché la plupart des pays en 2009, le poids de la dette devient plus difficile à porter», écrit Moody's. Cette augmentation de la dette mondiale s'explique par les plans de relance massifs mis en œuvre par les gouvernements afin de surmonter la récession. Une nouvelle crise, on en parle de plus en plus Les causes de cette flambée sautent à l'œil et la liste est longue : chute des recettes fiscales liée à la récession, flambée des dépenses publiques pour soutenir l'économie. «Une dette à 100% du PIB signifie que tout ce qui a été produit pendant un an devrait être consacré au remboursement. Les gouvernements sont-ils en situation de le faire?», s'inquiète Cinzia Alcidi, du Centre for European Policy Studies. En effet, il paraît de plus en plus évident que si les marchés seraient amenés à douter de la capacité de remboursement des pays développés, ils pourraient se détourner de leurs titres publics (bons du Trésor...) et assécher leur circuit d'approvisionnement en argent frais. C'est ce que tente de souligner Jean Pisani-Ferry, du centre d'études Bruegel : «Si la dette continue à grimper, on peut très bien imaginer qu'un pays ait du mal à se financer». Il est, certes, encore trop tôt d'en déduire que le monde ne se relèvera finalement pas de sa crise, mais la situation actuelle n'aide pas à y voir clair concernant l'avenir de la planète. «Si l'endettement se poursuivait, cela pourrait, à terme, être négatif» précise Brian Coulton, de l'agence Fitch, auprès de l'agence de la map. Un cercle vicieux pourrait s'enclencher. Contraints de relever les intérêts qu'ils payent à leurs créanciers, les Etats verraient la charge de la dette s'alourdir et pourraient s'endetter de nouveau pour y faire face. Et cela ne ferait que corroborer le dernier rapport de la banque française Société Générale, d'après laquelle une «une nouvelle récession» ne serait pas à exclure.