Le rapport du Conseil supérieur de l'éducation, basé sur un test standardisé, tire la sonnette d'alarme. Azziman, sans vouloir choquer les parents d'élèves et la société, estime que ce diagnostic est nécessaire pour parer aux dysfonctionnements. «Notre enseignement est en danger», c'est avec ce constat cru que Rahma Bourkia a résumé sa présentation hier, lors d'une conférence de presse organisée par le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique, à l'issue de sa 11e session, tenue lundi et mardi. La directrice de l'instance nationale d'évaluation du système éducatif, relevant du conseil, dévoilait les résultats relatifs au Programme national pour l'évaluation des acquis des élèves (PNEA 2016). Un document alarmant qui, selon Omar Azziman, président du conseil, montre une faiblesse avérée des acquis et par ce truchement l'échec du système éducatif dans son ensemble. Car ce rapport qui, pour la première fois, porte un regard sans fioritures sur le niveau des élèves du tronc commun, révèle des vérités choquantes sur un fonds de faiblesse généralisée des scores acquis. Avec un score de 33 sur 100 au niveau national en langue française, et un score surprise de seulement 39 en langue arabe, notre système éducatif bas de l'aile. Exception à la règle, les élèves du sud font mieux en arabe avec un score de 51 contre 43 dans la région de Casablanca. Par ailleurs, 75% des élèves du tronc commun ayant participé au test, un échantillon de 34.109 élèves, sont âgés de plus de 15 ans dépassant l'âge légal pour ce niveau. Le rapport souligne que 38% des élèves ont redoublé au moins une fois au cours de leur scolarité. Et, fait marquant, selon Bourkia, leur niveau ne s'en est pas trouvé amélioré, au contraire. Pire encore, pour les élèves du tronc scientifique, les scores en mathématiques montrent que 84% des élèves ont un score inférieur à la moyenne et 54% d'entre eux ne dépassent pas le seuil de 33%. Les faiblesses relevées dans les langues et les mathématiques mettent un grand point d'interrogation sur la valeur du baccalauréat dans quelques années, pour avoir accès aux universités et écoles supérieures. Une situation qui compromet l'avenir de l'école marocaine si des mesures drastiques ne sont pas prises pour y parer. Azziman qui vient d'adopter une politique d'ouverture sur les médias, les acteurs du système éducatif, les associations..., estime que l'objectif de ce genre de rapport n'est pas de choquer les parents d'élèves et la société de manière générale, mais de faire un diagnostic le plus fidèle possible à la réalité pour mieux réagir aux dysfonctionnements. Toutefois, la constatation faite par le conseil est que la situation de l'élève et son environnement familial et social ont plus d'impact sur son niveau que l'école en soi. Si l'on revient aux chiffres du rapport d'évaluation des acquis, 98% des élèves sondés sont issus de ménages pauvres et des couches moyennes. Seuls 2% appartiennent à des familles aisées. Par ailleurs, les pères d'un tiers des élèves n'ont jamais été scolarisés contre 52% pour les mères. Indirectement, le rapport jette une seconde lumière sur la réalité d'une société marocaine où le niveau d'éducation est faible, voire inexistant. Et bien que 93% des élèves recourent à internet pour faire des recherches scolaires, 82% sont happés par les réseaux sociaux et 24% reconnaissent consulter des sites portant atteinte aux mœurs. S'ajoute à cela, le fait que 60% des élèves ont des enseignants qui n'ont bénéficié d'aucune formation continue au cours des cinq dernières années. Par ailleurs, seul un quart des élèves a bénéficié de l'orientation scolaire. Education non formelle : inextricable problématique Faisant l'objet d'une auto-saisine vu l'importance du sujet, un projet de rapport sur l'éducation non formelle a été adopté et sera peaufiné pour une proche publication. Selon Youssef Jmili, président de la Commission permanente des services sociaux, relevant du Conseil supérieur de l'éducation, a souligné que le choix d'une telle thématique se justifie par son caractère problématique et par la nécessité d'y apporter des solutions décisives, dans des délais raisonnables, pour assurer à tous les enfants l'équité et l'égalité en éducation et en formation. Pour rappel, les programmes d'éducation non formelle ont été initiés au Maroc en 1997 dans le but d'offrir des solutions alternatives aux enfants non scolarisés durant l'année scolaire 1997-1998. Le Conseil estime qu'ils sont l'une des expressions les plus saillantes des dysfonctionnements de l'école marocaine formelle : la non scolarisation, le décrochage, l'échec et l'abandon scolaires. L'existence de ces programmes temporaires de rattrapage n'est en effet pas une situation normale et témoigne de l'échec du système à généraliser l'enseignement.