Samir Benmansour, directeur d'exploitation semences chez «Les Domaines agricoles» Les Inspirations ECO : Pour une agriculture de précision, vous avez intégré des solutions informatiques, notamment l'utilisation de drones agricoles. Comment fonctionne cette technique et est-elle généralisée à toutes les exploitations des Domaines agricoles ? Samir Benmansour : L'utilisation des drones est une vraie révolution dans le secteur agricole marocain en général et au niveau des domaines agricoles en particulier. Grâce à ses multiples avantages, notamment la vitesse record de son déploiement, la forte résolution des capteurs embarqués, la faible sensibilité aux conditions climatiques... Le drone des Domaines agricoles est piloté de façon automatique grâce à un logiciel. Il permet d'établir des cartes agronomiques d'une ou de plusieurs parcelles. Sur ces cartes, plusieurs indicateurs agronomiques sont mesurés, à savoir la biomasse, l'azote absorbé, la matière sèche...Les cartes et les données du drone sont exploitées à travers différents logiciels d'analyse. Nous sommes dans l'ère du Big Data. À travers les cartes analysées, nous avons une idée très claire de l'état de santé des plantes et des actions nécessaires à entreprendre. Concrètement, quels sont les résultats générés sur le plan de l'économie d'eau, l'utilisation des engrais et bien d'autres ? Le déploiement du drone au niveau des Domaines agricoles ne date que de quelques mois. Nous devons attendre un peu pour avoir des retombées précises. Nous sommes très confiants en notre capacité à atteindre les deux objectifs majeurs, à savoir l'accroissement de nos rendements et mieux respecter l'environnement en optimisant les apports d'eau et d'intrants : la bonne dose au bon endroit et au bon moment. Au-delà de l'analyse des données sur les sols et les cultures, est-ce que ce dispositif détecte également les maladies fongiques ? La cartographie des parcelles par drone permet de suivre l'état de santé des plantes et de repérer des zones qui présentent des anomalies. Par exemple, nous pouvons détecter les zones avec des valeurs anormales de biomasse et ainsi prendre les actions correctives nécessaires. Le drone permet de gagner en efficacité dans la gestion agricole. Plus tôt, on aura découvert le problème, plus vite on l'aura traité. Les cartes de biomasse permettent même, dans les cas de culture en rang, de repérer les zones où le risque fongique est le plus élevé et de réaliser un traitement préventif localisé. En effet, plus les espaces entre les rangs se ferment, plus le risque d'attaque fongique est important. Cette expérience, se limite-elle seulement à l'agriculture intensive ? Il est vrai que le drone a d'abord été utilisé pour favoriser une agriculture intensive mais durable. Cependant, en donnant à la plante exactement ce dont elle a besoin, on évite ainsi le gaspillage et on protège l'environnement. Le drone permet dès lors de piloter sa fertilisation, de suivre l'état de santé des plantes, de repérer un stress hydrique ou de faire des profils topographiques, ce qui s'applique aussi bien à l'agriculture intensive qu'à l'agriculture biologique ou traditionnelle. Nous espérons donner l'exemple et démocratiser cette technologie sur le marché marocain pour qu'elle soit accessible aux coopératives et aux petits agriculteurs. Dans le cadre d'une dynamique d'évolution, est-ce que cette innovation pour être partagée dans le cadre d'un transfert de technologie ? Le transfert de technologie fait partie de la mission des Domaines agricoles en tant qu'acteur dans la contribution au développement de l'agriculture du pays. Les Domaines agricoles participent à l'effort d'adaptation de la technologie pour qu'elle puisse bénéficier à tous les agriculteurs marocains comme c'est le cas en Europe. L'idée c'est que l'agriculteur marocain pourra être plus précis dans sa gestion agricole et ainsi améliorer ses rendements et revenus tout en respectant l'environnement. Le Maroc doit s'orienter vers cette agriculture de précision performante et responsable.