Adil Bennani, Président de l'AIVAM Pour le nouveau président de l'AIVAM, la disponibilité d'une offre attractive, la faiblesse de l'euro qui a positivement impacté les prix et la hausse de la part des primo-accédants aux voitures neuves sont autant de raisons expliquant la croissance du marché. En avant-première, Adil Bennani nous livre aussi, ses priorités et ses premières actions concrètes. Les Inspirations ECO: Quelle lecture faites-vous des ventes de voitures neuves réalisées par les membres de l'AIVAM au titre de l'année 2016 ? Adil Bennani : 2016 aura été une année record, puisque nous franchissons pour la première fois la barre des 160.000 véhicules. Cela démontre le dynamisme du marché qui s'explique par différentes raisons. Il faut tout d'abord savoir que si nous avons pu mettre à la route autant de véhicules, c'est que les importateurs les ont bien importés, ce qui veut dire que, quelque part, il y a une réelle confiance dans le potentiel du marché et dans la stabilité économico-politique du pays. On ne s'aventure pas à augmenter ses plans de commande de 30 ou 40% quand on n'est pas serein. Le deuxième point expliquant le dynamisme du marché est le caractère attractif de l'offre, d'une part, dans sa largeur avec des nouveautés qui arrivent au Maroc en même temps qu'ailleurs, puis d'autre part dans sa profondeur, puisque nous n'avons pas de limitation ou de restriction particulière de la part des constructeurs. Le marché est de mieux en mieux perçu par ces derniers, surtout depuis l'avènement du 10 ppm en diesel. À côté de cela, il y a aussi la compétitivité des prix qui s'est améliorée cette année du fait d'un euro faible, ce qui a permis, notamment aux marques européennes, de maintenir leurs offres du salon durant le second semestre, voire de les améliorer vers la fin d'année. L'ensemble de ces facteurs a donc induit une offre attractive, au sens le plus global du terme. À quoi imputez-vous essentiellement cette croissance soutenue ? Lorsqu'on analyse cette croissance, il apparaît qu'elle est clairement due aux voitures de tourisme, qui sont en croissance de 26%, qu'aux utilitaires légers qui sont en baisse de plus de 2% et ce, du fait du pick-up, segment qui a le plus souffert en 2016 d'une conjoncture économique en demi-teinte, avec un impact négatif sur les secteurs de l'agriculture et du bâtiment. Du côté des voitures de tourisme, tous les segments sont en hausse, et trois d'entre eux réalisent les trois quarts du marché, à savoir ceux de la citadine, de la compacte et des SUV (NDLR: crossover et 4x4 inclus). Or, il apparaît que cette croissance est essentiellement tirée par le premier segment, celui des citadines, qui réalise une progression de près de 40%. Cela traduit une augmentation structurelle des clients primo-accédants à l'automobile due à l'amélioration de l'offre en véhicules neufs, avec des prix plus acceptables, mais aussi du fait que le besoin d'acquisition en équipement soit grandissant. Qu'en est-il du marché des grands taxis ? Le segment du MPV, dans lequel opèrent les grands taxis, a crû de plus de 35%, mais lorsqu'on analyse ses chiffres, il s'avère que toute cette catégorie n'a progressé en volume que d'un peu plus de 5.000 unités, alors qu'au total, l'évolution du marché s'est traduite par 31.000 véhicules de plus. Ce n'est donc clairement pas le renouvellement du grand taxi qui est derrière la croissance du marché automobile en 2016. Comment voyez-vous le marché automobile en 2017 ? Le marché automobile national devrait continuer à croître pour les mêmes raisons expliquant sa croissance en 2016. Nous verrons de plus en plus de gens souhaitant s'équiper en automobile qui le feront, en bonne partie avec des véhicules d'occasion, mais cela aura un impact sur le marché du neuf. Par ailleurs, il faut savoir que la part des primo-accédants dans le neuf est également en augmentation, avec toute une catégorie socio-professionnelle qui a les moyens de s'endetter et qui va accéder à l'automobile par le biais de la petite citadine neuve. 2017 devrait ainsi faire ressortir, d'après nos estimations, une croissance de l'ordre de 10%. En tant que nouveau président de l'association, quels seront votre plan d'actions et vos priorités ? Notre mission, au sein de l'association, est de faire figure d'interlocuteur principal dans le domaine automobile, aussi bien auprès des pouvoirs publics que du consommateur. Notre rôle consiste également à faire profiter nos membres d'un certain nombre de services qu'une association bien organisée peut leur procurer. S'agissant de notre plan d'actions, nous avons une multitude d'idées nées de la consultation avec nos membres pour créer un plan triennal structuré que nous poursuivrons publiquement pour que la communauté sache sur quoi le secteur automobile travaille aujourd'hui. Notre première priorité est de promouvoir le marché et sa demande. Notre deuxième priorité est de pouvoir agir sur tout ce qui concerne le marché des points de vue réglementaire et légal à travers nos discussions avec les pouvoirs publics, qu'il s'agisse du Code de la route, de l'homologation, des règles de représentation de commercialisation de véhicules au Maroc... Mais pas seulement, car nous ne commercialisons pas uniquement des voitures, mais aussi des pièces de rechange et des services après-vente. En fait, nous avons besoin de normaliser tout ce qui a besoin de l'être. À titre d'exemple, en ce qui concerne les rapports entre l'automobiliste et l'administration publique, nous travaillons avec le ministère des Transports sur une solution de dématérialisation du processus d'immatriculation qui apportera une valeur ajoutée extraordinaire au client final, tout en sécurisant la procédure contre toute éventualité de fraude ou de falsification. Et cela, vous le verrez bientôt, puisque cette nouvelle solution, pour laquelle les discussions sont à un stade très avancé, entrera en vigueur au cours de ce premier trimestre.