«Femmes, artistes marocaines de la modernité, 1960-2016» continue de sublimer les murs du Musée Mohammed VI d'Art moderne et contemporain de Rabat jusqu'au 8 mars. Quand le musée donne carte blanche à l'art féminin de 1960 à nos jours, de Chaibia Talal à Mounat Charrat, en passant par Amina Benbouchta, Mariam Abouzid Souali ou encore Lalla Essaydi, c'est à la fois déstabilisant et d'une évidence sans nom. À travers un parcours thématique, la plasticienne, théoricienne de l'art, Docteur en Arts Plastiques et Sciences de l'Art et Professeure universitaire en Histoire des arts et des Idées/Arts plastiques et Sciences de l'art à l'Université Mohammed V Agdal de Rabat, Rim Laâbi s'est vue confier le Commissariat de cette exposition inédite puisqu'il ne s'agit pas simplement d'une série d'œuvres assemblées les unes à côté des autres, mais il s'agit surtout d'un débat ouvert sur la place de la femme dans l'art. «Je suis très émue aujourd'hui, je l'ai été à l'invitation du commissaire de cette exposition. Être dans ce musée implique énormément de choses pour moi. Cette institution muséale est sans doute productrice de sens. À travers cette exposition, j'ai essayé de poser le sens sans l'imposer, histoire d'élargir la perception et d'ouvrir le regard au seuil de son énigme», explique la commissaire d'exposition, Rim Laâbi qui a conçu, mise en place et produit les textes accompagnant l'exposition, en choisissant de façon minutieuse et totalement libre, ces œuvres, sélectionnées parmi des centaines ! Tel un chantier ouvert, l'exposition traverse le temps et les genres en s'arrêtant sur des thématiques telle que «Quand la main pense», en référence à l'art intuitif, naïf, notamment de femmes qui ont marqué, comme Chaabia ou encore à travers «La lumière intérieure» et ses réflexions de femmes, ces mouvements de l'âme, presque cosmiques qui évoquent une intimité lumineuse. La question du corps est, bien entendu, évoquée avec «Ce que peut le corps» ou ce grand questionnement de la femme objet, de la maternité avant de s'interroger sur «La part du songe» et de ces rêves éveillés, cette part du subconscient, voire de l'inconscient qui peut révéler ce qu'on arrive plus à voir, à cerner. L'exposition se termine sur un volet contestataire, une ouverture au débat et à la réflexion, avec «En avant toutes», pour mettre en lumière la contestataire, une dénonciation du statut de la femme. Une exposition inédite et imprégnée de talents, de beaux parcours et de femmes d'exception, où il est absolument important de répondre à la question de la place de la femme dans l'art, puisque la preuve est là, à découvrir jusqu'au 8 mars.