La Banque centrale américaine hésite encore une fois à hisser ses taux, et maintient le loyer de l'argent dans une fourchette de 0,25% à 0,50%. Une hausse des taux est attendue par les investisseurs en décembre. La Réserve fédérale américaine renonce une fois de plus à relever ses taux d'intérêts. En effet, la Banque centrale a décidé, mercredi 21 septembre, de maintenir le loyer de l'argent dans une fourchette de 0,25% à 0,50%. Toutefois, le discours de la présidente de la Fed, Janet Yellen (photo), laisse clairement entrevoir qu'un resserrement monétaire pourrait être décidé lors de la réunion du Comité de politique monétaire de décembre, ont indiqué la majorité des économistes. D'autres, à l'image de Jacques Sapir lors de son intervention sur les plateaux de BFM Business la semaine passée, prévoient une hausse des taux après les élections américaines. En ce sens, l'impartialité de la Banque centrale a été mise en doute par le candidat républicain Donald Trump qui a accusé Janet Yellen de jouer le jeu des démocrates en conservant des taux bas pendant les élections. Le marché attentiste Les marchés financiers restaient attentistes quant à la décision prise par la Banque centrale américaine. Les marchés boursiers sont dépendants du virage que prennent les banques centrales, et leurs politiques monétaires. Toutefois, d'après la presse étrangère, les marchés anticipaient un maintien des taux de la part de la Réserve fédérale américaine qui reste assez hésitante à une levée de taux, et ne cesse de retarder cela depuis le mois d'août, malgré la promesse tenue par Janet Yellen lors du début de son mandat de relever les taux. En attendant, l'institution reste concentrée sur les deux objectifs de son mandat, à savoir le retour au plein-emploi et une inflation de 2%. Sur le premier, la Fed estime que les créations d'emplois se poursuivent à un rythme solide, mais elle paraît un peu moins optimiste qu'auparavant sur la réduction du taux de chômage. Les dernières prévisions tablaient sur 4,7% d'ici à la fin de l'année. Le chiffre est désormais relevé à 4,8%, soit 0,1 point de moins que celui publié en août dernier. La Banque centrale reste attentive à la faiblesse du taux de participation au marché du travail, qui semble toujours indiquer qu'un certain nombre d'Américains en âge de travailler se tiennent en retrait. Parallèlement, elle estime qu'il y a encore trop de temps partiels subis. Même prudence pour l'inflation. En juin, la Fed visait 1,4% fin 2016, mais la hausse des prix devrait en fait être limitée à 1,3%, s'éloignant encore un peu plus de l'objectif des 2% qui, selon les dernières prévisions, ne devrait être atteint qu'en 2018. Enfin, la Banque centrale est aussi un peu plus pessimiste sur la croissance américaine, qui devrait péniblement atteindre 1,8% en 2016, alors que jusqu'à présent elle avançait le chiffre de 2%. Un 2% qui d'après certains économistes ne sera pas atteint, vu le nombre de société qui pâtissent de la baisse des cours du brut aux Etats-Unis, et la hausse des profits warnings de plusieurs industriels américains. Une situation macroéconomique non favorable Autre facteur qui retarde la hausse des taux, la situation économique internationale, marquée notamment par les difficultés que connaissent les pays émergents. Ces derniers déjà souffrent de la baisse des cours des matières premières à l'international. Ajoutons à cela l'endettement libellé en dollar des entreprises des pays émergents, surtout celle de l'Amérique du Sud, à l'image du Brésil. Ainsi, si une hausse des taux venait à intervenir, les entreprises des pays émergents se retrouveraient dans une situation de difficulté de remboursement, ce qui pourrait induire un risque systémique. Les membres du FOMC divisés Les membres du FOMC (Federal Open Market Commitee) sont en tout cas apparus divisés durant les dernières semaines d'avant la réunion, promettant «une robuste discussion» sur le besoin imminent ou non de renchérir enfin le coût du crédit, d'après le journal français Les Echos. Si l'inflation est faible (+0,8%), le marché du travail s'approche du plein emploi d'après les derniers chiffres, et le prix des actifs boursiers et immobiliers gonfle, faisant craindre à certains une bulle financière. Dans le même temps, la Banque centrale veut éviter de freiner la modeste croissance que connaissent les Etats-Unis. La Banque centrale dispose encore de trois mois supplémentaires pour décider d'agir. La plupart des observateurs considèrent en effet que l'institution passera une nouvelle fois son tour lors de sa prochaine réunion de novembre, prévue une semaine avant l'élection présidentielle américaine. Un contexte peu propice pour prendre un nouveau virage monétaire. Entre-temps, les investisseurs profitent du dégagement de l'horizon monétaire à court terme pour savourer les bons indicateurs économiques, entre autres le recul des inscriptions hebdomadaires au chômage, à leur plus bas depuis avril.