Dans le cadre idyllique du théâtre du Palais Royal de Paris, se jouera à la rentrée, «Edmond», la nouvelle création d'Alexis Michalik, après «Le porteur d'histoire» et «Le cercle des illusionnistes». Du haut de ses 33 ans, et après avoir empoché deux Molières, le metteur en scène et scénariste franco-britannique qui ne cesse de monter, présente une création inspirée d'Edmond Rostand, l'auteur de Cyrano de Bergerac, à partir du 15 septembre. Rencontre avec un illusionniste des mots, porteur d'histoires pendant le filage de la pièce, 15 jours avant l'avant-première. Frissons en coulisses. Un univers bien trempé, une plume aiguisée, un style bien à lui, Alexis Michalik continue de faire rêver en proposant des œuvres imprégnées du passé, avec un humour fin. Il donne même l'impression que seul lui sait adapter ce types d'œuvres avec un rythme qui frôle la perfection. Lorsque le réalisateur réadapte des pièces ou les écrit, il est impossible de s'ennuyer. Dans «La mégère à peu près apprivoisée», adaptation de l'œuvre de Shakespeare avec humour et grâce, Alexis Michalik se permet des numéros de chant, de danse et même de claquettes sans pour autant dénaturer l'œuvre du dramaturge anglais. Dans R&J (Roméo et Juliette), il redonne âme et poésie à un classique lu et relu, vu et revu puisqu'il se permet de le raconter différemment, avec 3 acteurs qui jouent 13 personnages. Dans «Le cercle des illusionnistes» et dans «Le porteur d'histoire» pour lesquels il gagne deux Molières en 2014, il rajoute un brin de magie, un quelque chose que les autres pièces n'ont pas et qui nous laissent scotché dans nos sièges tout le long de l'histoire. Tout cela en sachant que l'acteur sous ses airs de jeune premier shakespearien devenu un des meilleurs compteurs d'histoire de la nouvelle scène française, a commencé sa carrière il y a tout juste 14 ans. Aujourd'hui, son nom et sa réputation résonnent dans le milieu du théâtre français comme une référence et presque un label de qualité. Il revient le 15 septembre avec «Edmond», histoire de rentrer dans l'intimité de l'auteur d'un des grands classiques français : «Cyrano de Bergerac» ! Une pièce sublimée par le jeu de Christian Mulot, Valérie Vogt, Stéphanie Caillol, Anna Mihalcea, Guillaume Sentou, Nicolas Lumbreras, Régis Vallée, Kevin Garnichat, Jean-Michel Martial, Pierre Bénézit, Pierre Forest et Christine Bonnard. L'histoire dans l'histoire... «J'adore l'histoire et les histoires. Je pense qu'il y a deux types d'auteurs : ceux qui se racontent eux-mêmes, et ceux qui choisissent de transmettre des histoires. Je suis clairement de la deuxième catégorie», confie le scénariste, auteur et acteur français. «Tout m'interresse, les films, les séries, les magazines, les journaux, la politique, le sport, les histoires que l'on me raconte. Parfois, je vais être particulièrement touché par une histoire, réelle ou fictionnelle. À ce moment, je me pose la question : pourquoi suis-je touché ? Et comment transmettre mon émotion à un public ?». Une question dont il semble avoir trouvé la réponse puisque le public adhère tout de suite. À quelques jours de l'avant-première de sa pièce, Alexis Michalik confie que la pièce raconte l'écriture du classique Cyrano de Bergerac et les états d'âme d'Edmond Rostand à quelques semaines de la première. Une situation que le jeune scénariste comprend parfaitement. «C'est plutôt les coulisses de l'écriture de «Cyrano de Bergerac», romancée, bien sûr. Je raconte le mois qui précède la première de Cyrano, écriture, production, répétitions incluses. Le point de vue principal est donc celui d'Edmond, l'auteur. Il a 29 ans, il est dépressif, ses pièces précédentes n'ont pas eu de succès, il écrit Cyrano dans un contexte où tout le monde, sauf l'acteur principal, est persuadé que la pièce va faire un bide...». Et pourtant, la pièce est un succès, un des plus grands succès de l'histoire du théâtre français. «Cyrano est une pièce mythique, d'abord parce qu'elle est atemporelle. Rostand place sa pièce 2 siècles auparavant, et l'écrit en vers. Aujourd'hui, il est impossible de la dater. Elle semble très moderne mais pourtant se situe au 17e siècle. Ensuite, la pièce est brillante : drôle, émouvante, héroïque. Elle célèbre le looser sublime et magnifique qu'est Cyrano et d'une certaine manière, elle parle de la France, qui perd, souvent, mais avec panache. Le pays tout entier se reconnaît en cet esprit et fait un triomphe à Cyrano, qui s'impose au XXe siècle comme le plus grand succès du théâtre francais, jouée plus de 20.000 fois !». Et c'est dans cet esprit qu'Alexis Michalik raconte l'histoire pour une 20.001e fois, mais à sa manière, avec son propre regard à la fois décalé et touchant. Il raconte une histoire certes mais en s'inspirant de la réalité, qu'il sublime à sa façon à lui. Selon lui, tout est faux et vrai à la fois : «Un peu à la manière de Rostand qui raconte Cyrano ou Dumas racontant l'histoire de France, je raconte une histoire de fiction en m'inspirant très fortement de la réalité. Rostand est bien venu s'excuser auprès de Coquelin (l'acteur) avant la première, l'actrice principale n'avait signé que pour une seule représentation, le triomphe est venu au cours même de la représentation, Coquelin a bien imposé son fils dans un des rôles, l'actrice a perdu sa voix lors de la générale... mais de tous ces faits avérés, je m'éloigne et tricote mes propres aventures...». Un poète porteur d'histoires... Alexis Michalik a du style et cela se voit sur scène. Il écrit, met en scène, joue, invente, réinvente. Il peut tout faire et c'est presque déconcertant pour certains. Il joue la comédie, danse, chante, fait même un numéro de claquettes, fait rire, émeut, n'a pas peur du ridicule, et surtout il a cette humilité de ne pas se regarder jouer en laissant ses acteurs fétiches jouer les rôles de ses rêves. Et oui, Alexis Michalik est avant tout un passionné, un poète. Sa passion pour le théâtre et le cinéma est là depuis toujours. Après un parcours exemplaire au Conservatoire du 19e arrondissement de Paris, il laisse sa place au Conservatoire national supérieur d'art dramatique (CNSAD) pour monter son propre spectacle à tout juste 21 ans. En 2001, dans «Juliette et Roméo» mise en scène par Irina Brook, au théâtre de Chaillot, Alexis Michalik faisait ses débuts sur les planches, et le virus du théâtre s'empara de lui. D'aventures en avantures, il enchaîne cinéma, télévision et planches en fonction de ses nombreuses casquettes : metteur en scène, auteur et acteur ! «Jouer, je fais ça depuis mes 18 ans, c'est un plaisir simple, et ça me détend à chaque fois ! J'écris bien mieux quand je suis en tournage, donc ces activités se marient très bien ! Je réalise en plus de ça des courts-métrages, et je pense que je ne vais pas tarder à passer au long...». Ce qui n'est pas étonnant pour ce boulimique du travail qui ne cesse d'écumer les projets ! «La saison 3 de kaboul kitchen, bientôt, sur laquelle nous avons écrit 2 épisodes avec Benjamin Bellecour, la saison 2 de Versailles, un joli film d'auteur : «Toril», qui sortira le 14 septembre et un autre spectacle pour mars 2017 !». Ce qui est sûr, c'est que le mi-Roméo, mi-Shakespeare des temps modernes, ne dort pas sur ses lauriers. À 15 jours de la première d'Edmond, la pièce évènement de la rentrée, le scénariste est à la fois nerveux, angoissé, excité, impatient : «Cela se ressent beaucoup sur mon sommeil ! Je me lève à 7h du matin, impatient de commencer à bosser !». Résultat le 15 septembre au Théâtre du Palais Royal à Paris.