Alexis Michalik Acteur, auteur et metteur en scène Il serait presque sorti d'un ancien bouquin poussiéreux qui raconte l'histoire de ses «princes» que toute petite fille attend. On l'imaginerait bien vivre dans les siècles précédents où le romantisme était une façon de vivre. Doté d'un charisme naturel, l'acteur dont le physique est avantageux et avant tout intelligent, ambitieux et très juste dans sa façon de jouer. Son naturel sur scène exaspère presque, un naturel qui est venu très tôt puisqu'Alexis a toujours voulu devenir acteur. «C'est venu assez tôt, en fait. Au collège, en 6e. J'étais arrivé en retard au premier cours où ils montaient la «Conversation Sinfonietta de Tardieu», une pièce chorale où les partitions des musiciens sont remplacées par des mots et où les rôles étaient déjà distribués», explique l'acteur nostalgique du temps passé. «J'arrive, je ne sais pas trop quoi faire. La prof me dit alors de prendre un crayon et de faire le chef d'orchestre. C'est devenu un sketch total, je n'avais pas un mot mais je me suis éclaté ! À partir de là, le plaisir a commencé... et quand on est amoureux de la scène, on fait tout pour y être. C'est un besoin, comme un marin et la mer ! D'ailleurs, on a beaucoup de similitudes avec la mer, nous avons les mêmes superstitions, le directeur du théâtre est un capitaine de navire, dans les deux cas, on voyage», continue Alexis Michalik, qui est plus qu'un poisson dans l'eau sur scène et qui a su s'entourer des bonnes personnes très tôt afin d'apprendre et d'évoluer. En effet, l'acteur-metteur en scène avoue avoir eu la chance de travailler aux côtés d'Irina Brook à 18 ans, dans «Juliette & Roméo», où il s'est formé et où il a découvert une manière de travailler fascinante : laisser l'acteur proposer et créer un groupe. Une façon de travailler qui est restée en lui et qu'il a su utiliser lorsqu'il a créé sa troupe de théâtre : «Los Figaros». «À la base, ce n'était pas une troupe, c'était juste une bande du conservatoire du même arrondissement, à Paris, qui montait un spectacle. On a joué le spectacle, les gens ont aimé et on s'est dit, pourquoi pas l'emmener à Avignon et donc en 2005, on emmène le spectacle et on découvre un monde qu'on ne soupçonnait pas : on ne savait pas qu'un spectacle pouvait être vendu. Nous avons appris à devenir professionnel», se souvient l'artiste qui sent alors que d'année en année, la bande de copains évoluait vers une véritable troupe. Le porteur d'espoir «Beaucoup de jeunes ont cette volonté de créer une troupe, mais nous, c'est l'inverse qui s'est passé. On a travaillé ensemble, une fois, deux fois et finalement on s'est retrouvé à être une troupe. On peut dire qu'on est une compagnie qui est née par hasard ! Je n'avais aucune ambition de révolutionner le théâtre, je voulais juste essayer des choses et apprendre. D'ailleurs, j'apprends toujours, je me considère encore étant en formation». D'expériences en expériences, de scènes en scènes et surtout avec beaucoup de talent, «Los figaros» se fraye une place et monte à Paris où le succès est immédiat. Les représentations se suivent et n'arrêtent pas, tout le monde parle de ces jeunes qui réadaptent Shakespeare en français, en version chantée et surtout de façon comique et non dramatique, sans pour autant en ôter l'âme et les histoires fortes. Un pari osé certes, mais un pari gagné visiblement. «En fait je ne connais pas grand monde qui n'aime pas Shakespeare ! Je suis à moitié anglais, j'ai des facilités à le retraduire et à me plonger dans son univers et c'est un très bon scénariste, il amène des structures d'histoire passionnante. À partir de là, quelle que soit la mise en scène, on sait qu'on aura la bonne structure d'histoire. En plus de ça, Shakespeare avait une façon de reprendre des histoires et de les réinventer, il a travaillé sur des mythes, des personnages historiques. C'est dommage de dire que Shakespeare est intouchable, le meilleur hommage à lui faire, c'est de reprendre ses œuvres et de les réadapter», continue l'acteur qui a su trouver le petit plus pour se démarquer, tout en jouant sur des textes connus et des histoires devenues pratiquement populaires et présentes dans la mémoire collective. «Au départ, je me suis dit qu'en jouant moi-même, ça me faisait un acteur de moins à diriger. Ce n'est pas quelque chose de difficile, c'est assez logique, mais durant le prochain spectacle, je ne joue pas, je dirige et j'écris... », explique l'acteur aux multiples facettes qui écrit pour la première dans «Le porteur d'histoire». En effet, il ne se contente pas de diriger, il joue et souvent les rôles principaux. Sur scène, il chante, danse, fait des numéros de claquette, c'est à se demander ce que le jeune artiste ne sait pas faire ? «Ce qui est drôle, c'est que je chante pour le spectacle, mais je ne suis pas du tout chanteur. Je n'ai pas de formation de danseur non plus. Quand on a commencé la Mégère, nous étions une bande de bras. On a donc tout appris. Par exemple, je voyais bien un numéro de claquettes, on a pris des cours de claquettes pendant 6 mois. En 5 ans de spectacle, le constat est qu'on a tous énormément évolué en chant ! On se retrouve aujourd'hui à pouvoir improviser en chant et en danse presque naturellement, parce que c'est devenu notre façon de travailler». Improviser en travaillant dur, telle est leur philosophie. C'est ainsi qu'Alexis continue en enchaînant sur le «Porteur d'histoire», sa première expérience dans l'écriture. Il ne se contente pas de cela puisqu'il écrit un court- métrage «au sol» qui raconte l'histoire de «deux femmes qui se croisent sans vraiment se rencontrer, de ces deux destins qui s'effleurent mais surtout, leur combat contre l'absurdité du système». Le tournage commence en mi-juillet à Marseille. Il continue par ailleurs dans la série décalée «Kaboul Kitchen» sur Canal+ en enchaînant la deuxième saison, et on le retrouve également au cinéma dans «Kamikaze» de Alex Piña après avoir brillé dans «Des qui s'embrassent», «La bande à Picasso» ou encore «L'âge de raison». Un ensemble de projets pour ce boulimique de travail dont le talent ne lui laisse pas beaucoup de répit et qui a trouvé la réponse à la question : «être ou ne pas être» en «étant» lui-même à 100%...