Les écoles, universités et instituts de formation sont tous conscients de la nécessité de s'adapter à l'émergence des nouveaux métiers et de doter leurs futurs lauréats des qualités techniques et managériales que les employeurs souhaitent retrouver chez leurs nouvelles recrues. Suivre de près les évolutions que connaissent les secteurs porteurs et adapter, quand il le faut, les programmes aux exigences des employeurs est devenu, désormais, pour les universités et les écoles de formation, une composante intrinsèque, consubstantielle à l'élaboration des programmes pédagogiques. Certes, les moyens de synchronisation des formations diffèrent selon les postures stratégiques adoptées, mais l'on peut toutefois en isoler certaines composantes communes. Certaines écoles font intervenir directement les employeurs. C'est le cas de l'ESCA, qui s'intéresse constamment au profil du manager de demain, notamment à travers l'organisation d'une série de conférences dédiée au thème de «La formation des dirigeants de 2030», en complément de son travail de recherches mené en 2015, dont les conclusions ont été publiées dans son livre blanc de l'enseignement dans lequel l'ensemble des experts, pédagogues et professionnels se sont penchés sur la question de la configuration du paysage des affaires marocain en 2030, le profil du manager marocain de demain et les compétences clefs qui feront son succès dans un monde marqué par l'industrie 4.0 et la mission ainsi que les rôles des systèmes de formation dans la préparation des jeunes à leurs futures responsabilités managériales. Le livre est un travail de recherche inédit sur la manière dont la formation des dirigeants est prise en considération dans les différents plans sectoriels, et dresse le portrait-robot de ce que sera le dirigeant de 2030, destiné, selon les conclusions de l'ESCA EM, à devenir un «acteur de l'émergence et de la transition dans une société de progrès». Humaniste, visionnaire, enraciné dans les réalités locales et éminemment connecté à la globalisation, ce profil est appelé à se généraliser davantage, en plantant les graines de son achèvement dès maintenant. Un constat partagé par l'Université Mundiapolis qui, elle aussi, favorise l'implication directe des employeurs, mais adopte une approche différente : celle du Mundia Job Fair, un forum dédié à l'emploi organisé par le Centre d'accompagnement à la réussite des étudiants (CARE) relevant de l'université. Ce forum se tient en étroite collaboration avec, entre autres, des représentants de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), l'Association des femmes chefs d'entreprise du Maroc (AFEM), l'Agence nationale pour la promotion de la PME - Maroc PME, etc. L'évènement est ainsi l'occasion de faire subir aux futurs lauréats des mises en situation par des simulations d'entretiens, de leur permettre de se constituer un réseau d'adresses d'entreprises offrant des opportunités en termes de stages, de stages pré-embauche ou d'emplois et de se faire conseiller par des cabinets de recrutement afin de définir l'offre qui sied le mieux à leurs profils. D'autres instituts poussent le concept d'adaptation encore plus loin en créant de toutes pièces des écoles à spécialités ou à niche. L'institut des Hautes études de management (HEM) fait partie de cette catégorie depuis qu'il s'est allié à la Société financière internationale (SFI) afin de lancer conjointement une joint-venture universitaire, baptisée Med Université. Basée à Tanger, la nouvelle-née sera en mesure d'accueillir ses futurs lauréats dès la rentrée de septembre 2016. Le modèle adopté repose sur des programmes de formations professionnalisantes, dont les spécialisations sont axées sur les métiers porteurs des services et de l'industrie. Autant dire que la définition du contenu pédagogique est indexée sur l'émergence des nouveaux métiers mondiaux. Accessoirement, la nouveauté avancée par le management commun de la JV est le critère de l'accessibilité financière. En adoptant cette posture, HEM et SFI ambitionnent de démocratiser l'accès aux formations de qualité pour celles et ceux qui disposent de l'infrastructure intellectuelle et pédagogique pour les suivre, mais sont estropiés par leur incapacité à couvrir les coûts.